Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Cité Franche (2)

lundi, décembre 16, 2019 Iris 2 Comments

Cette semaine, une nouvelle leçon de Geeranhuggen. Pour ceux qui seraient arrivés en retard en cours, c'est par ici !

Le développement de la ville actuelle


» L’histoire n’est pas qu’une succession d’événements ne laissant que des traces d’encre dans les livres. Elle marque son environnement, elle change le droit et l’urbanisme. Les privilèges dvaergen

» J’ai déjà évoqué les privilèges des halfelins de la Myetée pour service rendu. Les dvaergen, pour leur soutien essentiel dès la première guerre cyrillane, obtinrent des avantages substantiels sur le commerce sur le fleuve Dispende. Ils purent aussi bâtir dans la partie sud–est de la ville et assurer l’ordre dans leur quartier. Ces premiers accords fondèrent la base du développement de la garde vigente telle qu’elle existe aujourd’hui. Les dvaergen demeurent aujourd’hui les protecteurs de la Cité Franche : sans leurs mercenaires, soyons honnêtes, il n’y aurait pas de défense digne de ce nom en Ouestrie – oui, je suis historien, j’ai la coquetterie d’utiliser les anciens noms.

Les quartiers étrangers


» Le besoin d’investissements et la recherche de la mise en place de partenariats dans tout Eana poussa la Cité Franche à poursuivre dans la lignée initiée par l’accord avec les dvaergen. Ceci prit la forme d’établissement d’importants comptoirs, des quartiers bâtis par des marchands étrangers. C’est ainsi que virent le jour le quartier de Ghardat, dans le sud–est, le quartier rachamanne, à proximité des habitations troglodytes dvaergen ; le quartier cyrillan dans l’est ; le quartier de l’étoile tout au sud, fondé par les elenions ; le quartier éolien, au sud du grand sanctuaire de Forgeron.

Un millefeuille de constructions


» Cette période intense, pleine de nouvelles constructions ne fut possible qu’au prix de la destruction de beaucoup d’anciens bâtiments. Quand vous allez dans une maison du quartier de Ghardat, il arrive que tout son sous-sol date d’un hôtel particulier ou d’un temple datant de la dynastie Drae. Il y a des spécialistes de l’histoire de la ville aussi parmi les guildes de voleurs.

» Ah je vois que cette mention réveille votre intérêt, j’en étais sûr ! Eh bien oui, hélas, certains étudiants tournent mal et trouvent à exploiter la connaissance des réseaux antiques et féodaux. Les canalisations d’eau alimentant la ville, et les égouts ont changé, mais les plus anciens n’ont pas été rebouchés. Les premiers bâtiments de la ville furent construits avec les pierres des environs, et les tunnels des anciennes carrières existent toujours.

» Il faut aussi ajouter les tunnels et caves délibérément creusés à des fins de dissimulation d’activités clandestines. Il y a eu aussi des temples secrets dédiés à Xonim et Tamerakh – pour autant que je sache, il y en a certainement encore. Des rumeurs persistantes font état de tunnels menant à l’Inframonde, ce qui expliquerait la facilité avec laquelle des individus débrouillards trouvent des marchandises en provenant. »

L’expansion et la relation aux autres civilisations


» Si la Cité Franche s’est imposée comme une puissance marchande incontournable, c’est le résultat d’une volonté sans faille, s’appuyant sur un mélange de persévérance et d’opportunisme. En 331 ans, la République s’est attachée à tisser des relations fortes avec de nombreuses civilisations, installant des comptoirs et nouant des accords protecteurs de ses intérêts. Une politique de neutralité affichée dans les conflits locaux a amené notre territoire à être un lieu de rencontre où les agents de peuples ennemis peuvent mener une diplomatie de l’ombre aboutissant parfois à des traités de paix providentiels. Néanmoins, toutes les ambassades et délégations voyagent avec des espions qui agissent par eux-mêmes ou bien font la richesse des guildes de voleurs chargées de faire leur sale boulot : vol, chantage, enlèvement, assassinat. Par le passé déjà, le destin de peuples lointains s’est joué entre les murs de notre ville, et tout indique que ce rôle d’arrière-cour des intrigues n’est pas près de cesser.

» J’aimerais conclure ce premier cours avec un survol des principales contrées avec laquelle la Cité Franche entretient des liens forts. Vous constaterez que je n’aborderai pas le cas de plusieurs d’entre elles : Acoatl, Torea, Mibu, Septentrion, Ajagar, Rachamangekr, Shi-huang et Inframonde. La raison en est simple : nous ne les connaissons pas suffisamment. Des marchandises nous parviennent, un peu d’artisanat d’art, des épices, mais ces contrées n’influencent pas notre histoire assez directement pour les aborder.

Ellerìna


» Ellerìna pour commencer. Nos relations commerciales et culturelles sont fortes. Les jeunes elenions sont nombreux à voyager quelques temps avant de retourner dans leur pays. J’en vois d’ailleurs parmi vous. La Cité Franche et la Couronne elfique ont des accords d’entraide dans la lutte contre la piraterie et d’échange d’informations en matière criminelle. Bien que les elenions aient une attitude publique réservée et retenue, en coulisse il n’est pas rare de voir leurs diplomates – en particulier melessë – faire office d’intermédiaire ou de médiateur.

Les îles Éoliennes


» Les îles Éoliennes sont un concept géographique plus qu’une nation. Il n’y a pas d’autorité centrale, seulement une multitude d’accords avec des manufactures, des monastères, etc. Les ressortissants du pays de mes parents agissent à titre personnel ou pour le groupe auquel ils appartiennent, presque jamais pour un pays. Les siècles de négociations et de petits traités avec tel ou tel groupement forment aujourd’hui un dédale juridique dont l’entrelacs peut aboutir à des situations absurdes.

» Je connais ainsi le cas d’un jeune homme qui avait emprunté à un usurier des îles Éolienne ; ne parvenant pas à se faire rembourser, ce dernier parvint à retrouver une obscure clause qui lui permettait au besoin de se faire dédommager en prélevant une livre de chair – oui ! – de son débiteur ! Rassurez-vous, l’affaire s’est résolue heureusement. L’avocat adverse fit remarquer que la clause n’autorisait pas de prélever de sang au débiteur, de sorte que l’usurier devait trouver une solution pour prendre la viande sans le sang – c’est n’importe quoi, vous en conviendrez. Au final, cette affaire s’est soldée par un accord à l’amiable : réduction de la dette, et remboursement consécutif.

Les îles Barbaresques


» Les îles Barbaresques sont un repaire de pirates. De cela, tout le monde est au courant. Vous ignorez néanmoins peut-être que certains sont devenus corsaires pour la Cité Franche, ou que d’autres cherchent à devenir de respectables roitelets d’une île. Ces anciens forbans se plaisent à venir dans les salons des armateurs et marchands au long cours de notre ville. L’assurance affichée de leur honnêteté ne doit pas toujours être prise pour argent comptant. Certains sont assurément en lien avec les guildes de voleurs et des marchands douteux.

» N’oubliez pas que les pirates sont avant tout des marins : ils n’ont souvent pas de difficulté à se prétendre simples baroudeurs. Ils viennent dans la Cité Franche pour blanchir leur butin, le revendant avec l’aide de complices. Certaines marchandises que vous verrez en ville ont en réalité été conquises dans le sang et sont revendues alors que les armateurs des navires pillés sont ruinés.

» Si les pirates viennent ici pour leurs affaires, ils le font aussi pour régler leurs comptes loin de leur société. Les faits divers des quartiers des ports sont nourris de vengeance après des partages inéquitables ou une trahison.

» Il arrive aussi qu’un puissant flibustier soit secrètement invité pour sceller un accord avantageux qui l’incitera à devenir corsaire pour la Cité Franche ; ou bien pour obtenir une amnistie aux termes de laquelle il renoncera à attaquer les navires de nos marchands.

» Nous espérons pouvoir petit à petit, tantôt par la lutte, tantôt la négociation, pouvoir réduire la nuisance que représentent ces bandits.

Le nord du Cyfandir


» Le nord du Cyfandir est partagé entre trois territoires : la Lothrienne, l’Arolavie et le Septentrion. Les limites de ce dernier sont très floues et on peut admettre que le nord du Kaan en fait partie. Pourquoi me demanderez-vous ? Parce que les environnements sont sensiblement les mêmes, que les tribus ont globalement le même mode de vie, et que nous en savons au final tout aussi peu sur l’un et l’autre.

» Du Septentrion, vous n’aurez sans doute à faire que ponctuellement à des marins à bord de drakkars – il paraît que c’est un des rares navires à supporter la prise des glaces sur la mer en hiver. Ils alternent entre piraterie et commerce, dans des proportions que je n’ai jamais su distinguer. Veuillez me pardonner, je suis partial, j’ai de mauvais souvenirs des déprédations de certains d’entre eux quand je m’étais rendu chez un cousin dans les Fjordkungden – les fjords de l’ouest des Drakenbergen.

» La Lothrienne est coincée entre de turbulents voisins barbares du Septentrion et les reliefs des Drakenbergen. Ils ont surtout affaire avec leurs propres problèmes, avec une dynastie qui peine à asseoir son autorité face à une féodalité puissantes et une Église de l’étoile omniprésente. Si cela ne suffisait pas, la monnaie de ce pays ne vaut pratiquement rien selon les standards de la Steinbank, et leur pays est une zone de magie faible permanente. Actuellement, dans la Cité Franche, seuls certains historiens, arcanistes et clercs s’intéressent vraiment à cette contrée en entretenant des liens réguliers avec elle.

» Il y a quelques années, je vous aurais tenu le même discours sur l’Arolavie. Ce pays couvert de forêts et dirigé par la dynastie des karalievae est de tradition druidique, avec de fréquents conflits avec la Lothrienne qui a banni ces cultes. Outre ces petites guerres frontalières, l’Arolavie fut victime de tentatives de conquête de Kartaçöl – une puissance montante du Kaan avec laquelle il faut désormais compter. La grande ville portuaire de Moromiek avait été prise, et occupée plusieurs années. Je me rappelle du moment où nous discutions avec des collègues de la disparition pure et simple de l’Arolavie en tant que pays indépendant. Les karalievae ont su organiser la résistance et reprendre leurs terres. La défaite fut rude pour Kartaçöl, tant militairement que moralement. C’était pour eux une blessure dans leur orgueil impérial d’être vaincu de la sorte. Le conflit se poursuit, pour l’instant surtout sur mer, mais également par voie d’intrigues. Nous voyons désormais de plus en plus de ressortissants d’Arolavie dans la Cité Franche, et je peux vous assurer qu’ils ne sont pas tous d’innocents marchands venus seulement pour les affaires. Je ne suis pas devin, j’ignore ce qui adviendra, mais je ne pense pas me tromper en disant que des choses importantes se préparent.

Les Drakenbergen


» La Cité Franche entretient des liens forts avec les Drakenbergen, mais ce territoire est un patchwork politique : petits royaumes centrés sur un fjord, cités-états marchandes, clans nains, vallées pratiquement inhabitées… C’est peu de dire que le panorama est complexe.

» Nous profitons des grandes routes surveillées et entretenues avec soin par les principaux clans dvaergen. Pour rappel nos principaux alliés du sud sont les Stalfelt alias Champ-dacier, et les Kunstolth alias Fierart.

» Il est heureux que ces clans soient stables et ne soient pas confrontés comme d’autres à de graves menaces de l’Inframonde. Nous dépendons aujourd’hui presque entièrement d’eux pour assurer la défense de la Cité Franche. Le système des échanges marchands est également intriqué avec celui de la steinbank. Que – par exemple – le Chancre frappe, et les troupes dvaergen devront retourner défendre leurs cités, laissant la nôtre avec uniquement la garde vigente pour sa protection. » Dans l’ensemble, il est rare que les problèmes des Drakenbergen viennent jusqu’à nous. On ne dépasse guère l’événement isolé. Cela n’enlève rien à leur aspect dramatique. J’ai ainsi vécu en 127 le passage de toute un groupe de dragons rouges destructeur ; et en 230, nous avons eu un hiver exceptionnel, marqué par les ravages d’un dragon blanc vénérable dans la région. Aujourd’hui ces crises sont oubliées de la plupart des gens, mais à l’époque, je vous assure que nous croyions notre dernière heure arrivée !

La Cyrillane


» Depuis les débuts de la République, notre relation avec la Cyrillane est complexe. Pas moins de quatre impératrices et empereurs menèrent des guerres de reconquêtes, dont une donna lieu à un blocus du port de la Cité Franche. À cela s’ajoutent des harcèlements de corsaires et des actions de déstabilisation en sous-main. Nous reparlerons plus en détail de ces événements.

» La chute de la dynastie des Kadméïdes en 330 est un bouleversement majeur. Tout l’équilibre de la région est désormais menacé. Kartaçöl pose ses pions ; Ghardat tente de contrer son vieil ennemi ; l’Arolavie cherche à ne pas se laisser déborder par la situation. Pendant ce temps, des groupes loyalistes résistent par endroit tandis que les fanatiques nihiliens conquièrent de vastes territoires et poussent à la fuite tous ceux qui n’adhèrent pas à leur culte rigoriste du « Libérateur » – vous vous rappelez bien tous que c’est l’un des surnoms de Tamerakh divinisé ? Le Destructeur, la Tempête, le Libérateur.

» Ce que l’on appelle désormais le quartier cyrillan est le résultat de l’arrivée massive des réfugiés. Ils ont profité dans un premier temps des réseaux de solidarité familiaux et d’affaires. Tel marchand déjà installé aidait des proches, et les amis de ses proches, puis les amis des amis… Les habitations ont rapidement été remplies, pour ne pas dire surpeuplées, et le bidonville de la Bourbasse abrite désormais beaucoup de cyrillans.

» La Cité Franche a une longue tradition d’accueil, mais elle n’a jamais encore fait face à une arrivée si massive de populations désemparées. Même si nous ne sommes pas directement sur le champ de bataille, nous sommes confrontés à une crise historique qui nous met face à nos responsabilités. Tant que la Cyrillane est en proie à la violence, le problème ne s’éteindra pas. La politique habituelle de neutralité prudente de la Cité Franche trouve ici ses limites.

» Nous vivons une époque difficile, mais passionnante. Notre ville prospère alors que deux grands bidonvilles grandissent en son sein. Les nihiliens qui ont joué un rôle déterminant dans la chute des Kadméïdes envoient désormais des agents ici. Les inégalités, les injustices et la misère devant lesquelles nous détournons les yeux sont le terreau sur lequel la colère croît. Les royaumes des Sables et le Kaan

» Nos relations avec les royaumes des Sables et le Kaan sont compliquées et très fluctuantes. Chaque cité-état mène sa propre politique, qui change au minimum à chaque nouveau règne. Les mers qui nous séparent n’empêchent pas les conflits, mais les limitent parfois au harcèlement de corsaires et pirates.

» Le développement de Ghardat pourrait modifier cette tendance. Aujourd’hui cette thalassocratie contrôle une part croissante du commerce, cherchant tantôt des alliés, tantôt des vassaux. Elle se décide en fonction de la force de son interlocuteur. Certains pensent qu’il faudrait se méfier davantage des autorités du quartier de Ghardat dans notre ville et de leur manière de s’immiscer dans nos affaires. Pour ma part, je pense que ce pays a bien plus à faire avec son véritable ennemi : l’empire de Kartaçöl.

» S’étendant dans le Kaan, il a renoncé aux anciennes rivalités tribales et claniques des belliqueux nomades. Il s’appuie sur une organisation hiérarchique stricte et une armée professionnelle. Beaucoup s’attendent à ce que le Vieux Kaan finisse par passer sous la coupe de Kartaçöl, mais la steppe n’a jamais été unie que par des guerriers inspirés, alors que nous réserve l’avenir ? Ces champs de bataille paraissent bien lointains, en subirons-nous ici les échos ?

» Nous sommes les témoins à la neutralité prudente de la lutte entre ces deux puissances montantes. Faut-il craindre une menace à la stabilité de la Cité Franche ? Rappelez-vous la chute de la Cyrillane : aucun empire n’est éternel.

» Notre futur s’écrit aujourd’hui, par nos décisions et nos actions. » 



Carte du monde connu des habitants de la Cité Franche, par Ann&Seb


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2 commentaires:

  1. Je crois que le titre "Les privilèges dvaergen" a raté son jet de mise en forme.

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  2. Bonjour,

    Il y a probablement une petite coquille au moment d'aborder les relations avec le Kaan et les Royaumes des Sables : Le titre est collé au paragraphe précédent.

    J'aurais également quelques questions subsidiaires:

    1) Avez vous pour projet de délimiter les frontières entre pays et zones d'influence? (Ne serait-ce qu'une zone tampon revendiquée par deux pays voisins)

    2) La carte du monde d'Eana est très belle et laisse voyager l'imagination. Cependant je pense que des descriptions plus précises des terrains rencontrés seraient une force (Ex: La zone au Sud de Moramiek et à l'Est de la Forêt blanche d'Arataurë est-elle une plaine? Un marais? Des collines? un ensemble de ceux-ci?), de même qu'une échelle serait la bienvenue.

    3) Le Dispende est-il navigable jusqu'à Athénaïse? Si non, j'imagine qu'il serait intéressant pour une ville de s'installer jusqu'à la distance maximum de navigation.

    4) Quelle est la taille des forces armées lors d'une campagne militaire? L'armée de Kartaçöl est-elle de plus ou moins 10 000 ou 50 000 soldats?

    5) Avez vous prévus d'aborder la densité de population et les populations totales des différents pays?

    D'avance, merci pour vos réponses et votre temps ... Et surtout merci pour votre jeu!
    PapyAl

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