Des goules tranquillement installées
En s'engageant dans les légions d'Arolavie, le magicien Aleksandr Novgorad espérait vivre des aventures de loin, et surtout parvenir à bouger ses pions, pour hériter à terme du domaine dont on l'avait chassé. Il était désormais loin de chez lui, en terre étrangère, dans le nord des Drakenbergen, à tenter d'aider des esclaves évadés avec pour compagnons d'infortune son sergent, un gobelin qui voulait devenir son apprenti, et son familier corbeau.
Ce petit groupe avait préféré éviter la confrontation avec les esclavagistes, et avait fait de grands détours, en essayant d'éviter les faucons de sang dressés qui risquaient d'indiquer leur position. Lorsque le soleil commença à baisser sur l'horizon, tous poussèrent un soupir de soulagement. Ils auraient quelques heures devant eux sans avoir à craindre les chiens et les troupes qui les suivaient.
D'ailleurs, la fortune semblait presque leur sourire, car ils arrivaient à un hameau de montagne très calme, constitué d'abris de pierres sèches pour l'essentiel. Pas un mot, pas un bruit, pas une lumière. Les lieux étaient abandonnés. Tout le monde était fatigué, et à l'exception du gobelin, personne ne pouvait se targuer de voir dans le noir, et personne n'osait allumer de lumière, de peur d'être repérés à des kilomètres à la ronde. On n'entendait que le torrent, de plus en plus fort à mesure qu'on s'en rapprochait. Il divisait le hameau en deux, et il semblait n'y avoir que quelques bergeries de l'autre côté. Il fut décidé de s'installer là pour la nuit, et de repartir très tôt.
Aleksandr, son apprenti gobelin et son fidèle familier firent un tour pour examiner le pont de pierre passant au-dessus du torrent. Il ne s'agissait que de lourdes pierres, de sorte qu'il devait être possible, en étudiant la structure, de trouver comment le saboter, et éviter d'être poursuivi par là. Le magicien n'était pas certain que c'était la meilleure option, mais il préférait au moins savoir si elle s'offrait à eux.
Tandis qu'il procédait à ses examens à la dernière lueur des ultimes rougeoiements du soleil, déjà loin derrière les reliefs de l'ouest, Aleksandr entendit un grincement sinistre provenant de l'autre rive. Il intima à Croac son familier de voir ce qui s'y passait. Le corvidé revint bien vite avec de mauvaises nouvelles : des choses, bipèdes, pâles et très laides, manifestement peu hospitalières, sortaient de leur repaire. Elles ne paraissaient pas encore savoir qu'un groupe de savoureuses victimes potentielles se trouvait à proximité, mais comme elles déambulaient, il était à craindre qu'elle s'en rendraient compte.
Le gobelin fila prévenir le sergent, mais avec un peu de chance... et un pont en moins, elles ne constitueraient plus une menace !
Combien de temps lui restait-il ? Si peu... si peu !
A l'aide d'un bâton, il s'efforça de faire basculer les rochers qu'il avait identifié, mais il n'avait rien d'un athlète et peinait horriblement, tandis que le temps filait et que les créatures approchaient.
Avec le soutien du sergent qui se précipita pour l'aider, enfin, un premier rocher céda, mais il s'était déjà écoulé beaucoup de temps. Les créatures étaient désormais non seulement proches, mais elles avaient entendu le premier rocher glisser, et le pont n'était pas entièrement détruit.
... elles couraient désormais vers les aventuriers, prêtes à sauter par dessus les flots pour tenter de les atteindre !
Une goule, par Gawain
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