Précédemment, vous avez pu apprendre comment on présentait les gobelins dans la Cité Franche. Aujourd'hui voici une vue d'ensemble du mode de vie et des origines de ce peuple.
Les enfants de Shavarlag l’argileuse verte
Les peuples gobelins se réclament de Shavarlag l’argileuse, la maîtresse de l’adaptation, toujours souple, malléable et dotée d’une puissance que beaucoup sous-estiment. Que ceux qui doutent de sa force tentent de traverser une étendue argileuse gorgée d’eau, ils s’enfonceront, sentiront leurs pieds aspirés sous la terre et lutteront jusqu’à l’épuisement pour s’échapper de ce piège. Shavarlag est par ailleurs une artisane talentueuse, assurant à ses enfants des réserves grâce aux pots de céramique et aux greniers. Pour les gobelins, la grande mère ancestrale se substitue parfois même à Façonneur dans les prières.
Les matriarches
Les lignées sont menées par des gobelines d’autant plus respectées qu’elles ont une progéniture nombreuse, leur rang dépendant de la quantité de leurs enfants et petits-enfants. Elles sont les aïeules vivantes de la communauté. Le conseil des mères est la plus haute institution : elles décident de l’avenir de la tribu, qu’il s’agisse de s’allier à d’autres, d’entrer au service d’un maître, de partir en guerre, de changer de territoire, etc.
Selon les dangers qui menacent la lignée, le conseil des mères peut avoir un rôle simplement d’avis et de rappel des traditions antiques, ou bien s’engager dans des manigances politiques complexes. Cette institution est respectée partout dans le Kaan. Tout le monde y sait que les mères peuvent jouer des apparences, sacrifier certains membres du groupe pour que la majorité survive, selon une morale assumée où la fin justifie les moyens. Elles sont rusées, menant parfois un double-jeu. Si quelqu’un a le malheur de croire les gobelines stupides, elles ne font rien pour le détromper, parlant par exemple délibérément mal, jusqu’au moment de récolter les fruits de leurs manœuvres.
L’adaptation extraordinaire des lignées gobelines
À l’image de l’argile, les gobelins s’adaptent à tout nouvel environnement. Cela se traduit notamment par leurs traits de lignées qui se modifient sitôt qu’une tribu vit assez longtemps dans un lieu. Il serait abusif de parler de sous-espèces car il suffit qu’une lignée déménage pour que les anciens traits inutiles s’effacent au profit de nouveaux, plus efficients. Les gobelins semblent les seuls à avoir une telle capacité d’adaptation à leur environnement.
Traits communs
La peau des gobelins est d’une couleur d’argile, tendant souvent entre le gris et le vert. Les gobelins sont imberbes et chauves, tandis que les gobelines arborent souvent d’épaisses chevelures autorisant des coiffures complexes et parfois extravagantes. Le costume des gobelins dépend beaucoup de leur statut dans la société. Au Kaan, ils portent volontiers des vêtements colorés, brodés avec goût de motifs évoquant les légendes et la nature.
Lignée de marins du golfe de Tili
Cette lignée est constituée par les gobelins établis près de la mer, dans une région pleine de beauté, avec ses calanques, ses criques et ses petites îles rocheuses aux élégants pins parasols.
Lignée des terres sauvages
Cette lignée est typique des grands espaces du Kaan, où de nombreux gobelins mènent une vie mêlant élevage, culture maraîchère, cueillette et pêche. Elle est particulièrement commune du côté de la chaîne montagneuse de Telhika. Il s’agit du cœur historique des peuples gobelins, auxquels le Kaan doit, dit-on, le chant diaphonique.
Lignée citadine
Cette lignée est composée des gobelins installés dans les cités d’argile ou les grandes villes de Kartaçöl. Ses membres sont des marchands ou des artisans qui n’ont rien à envier aux ingénieux gnomes des roches.
Lignée des parias survivants
Cette lignée est formée des gobelins les plus misérables, contraints de survivre dans des circonstances difficiles en ne comptant que sur leur astuce et la solidarité du groupe. Plus solides que des cafards, ces gobelins plient peut-être l’échine, mais ils sauront se relever le moment venu avec une fulgurance que nul n’imagine. Survivants envers et contre tout, ils sont même capables de festoyer de mets qu’aucune autre espèce ne pourrait trouver appétissants, mais aucune importance ! Salade d’épluchures, ragoût de grenouilles farcies de limaces et autres brochettes de pattes d’araignée sont des délices. On trouve des parias survivants dans les recoins mal famés du Cyfandir, mais aussi dans le Kaan, spécialement dans la société impitoyable de Shüd’delkhii.
L’existence des tribus parias du Cyfandir
Les
descendants de troupes de Tamerakh subsistent au Cyfandir, à la surface
et dans l’Inframonde. La plupart sont réduites à la survie dans des
régions difficiles d’accès. Le mode de vie dans les lignées opprimées
est fortement imprégné de cynisme et d’humour noir. Ainsi durant leur
enfance, les petits gobelins y reçoivent généralement plusieurs surnoms,
jusqu’à ce que l’un d’eux s’impose, considéré alors par consensus comme
représentatif du personnage. Une fois parvenus à un degré de gloire et
de puissance respectable, les héros gobelins font souvent abstraction de
leurs précédents surnoms pour ne garder que le plus récent et glorieux.
D’autres, au contraire, portent avec fierté les traces de leurs débuts,
comme autant de cicatrices qui marquent leur épopée. Les prénoms des
gobelins sont ainsi de bons indicateurs de leur histoire et de leur état
d’esprit.
◾ Prénoms féminins d’enfance. Folâtre, Folcoche, Foldingue, Grinçante, Hargneuse, Ricanante, Rusée, Biquette, Chevreaute, Coconne, Bêtate, Crétine.
◾ Prénoms féminins héroïques. Indomptable, Guerrière, Machiavélique, Magnifique, Géante, Tue-Loup, Abrasive, Sournoise, Survivante.
◾ Prénoms masculins d’enfance. Bizut, Minus, Mordeur, Rikiki, Siffleur, Teigneux, Tordu, Bruti, Bêbête, Toqué, Soiffard.
◾ Prénoms masculins héroïques. Casse-crâne, Surpuissant, Terrible, Vainqueur, Immortel, Rusé, Hob, Vicieux.
En
dépit des chamailleries et de la rudesse du langage, ces groupes sont
extrêmement soudés et leurs membres capables d’un courage stoïque
remarquable. Les gobelins sont prêts à mourir en nombre au combat s’ils
ont l’assurance que la lignée se poursuivra. Même si l’individu succombe
injustement, le groupe survivra et connaîtra des jours meilleurs.
L’espoir est une vertu cardinale, indispensable pour se dépasser quand
tout paraît perdu d’avance.
Pour les curieux souhaitant en savoir plus sur le Kaan : un article sur les tensions entre pays, centré sur Kartaçöl ; la folie et l'horreur des terres glacée du Grand Nord ; les cités d'argile ; les ulkani ; la horde ; une légende gobeline ; des rumeurs sur les hobgobelins de Shüd'delkhii ; la passion du dressage dans le Grand Kaan ; les styles de campagnes dans le Grand Kaan ; le peuple gobelours.
Une bergère gobeline des abords des monts du Telhika, par Gawain
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