lundi 23 décembre 2019

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Cité Franche (3) - Le quartier des cristaux

Je poursuis sur une série d'articles répondant à des questions qui m'ont été posées, ici à propos de la Cité Franche. Sur la carte de la ville apparaissent de majestueux monuments de minéraux roses. De quoi s'agit-il ? Au cours des mois passés, vous avez déjà pu avoir un aperçu de l'ambiance de ce quartier en lisant le voyage de Nara.Voici quelques éléments complémentaires :


Le quartier des Cristaux est aisément reconnaissable à ses monuments minéraux le long du cours maîtrisé du fleuve Dispende. Ils furent autrefois offerts à la Cité Franche par leurs alliés nains. Ces merveilles sont considérées comme un ornement de la ville, et seuls des vandales oseraient en extraire des morceaux. Certains se plaisent à imaginer que ces joyaux ont des pouvoirs particuliers, mais au quotidien, ils participent seulement au bien-être des habitants par leur beauté et leur douce luminescence. On se promène dans des ruelles sinueuses, entre de coquettes maisons à colombages aux vives couleurs, dont beaucoup ont la chance d’avoir un jardin d’ornement. Les voyageurs ne se privent pas de se promener dans le quartier des Cristaux pour le seul plaisir des yeux, tandis que les rosiers, les jasmins, les orangers et les citronniers embaument l’air du parfum de leur fleurs. La nuit, les cristaux diffusent une clarté douce et irréelle, et il n’est pas rare d’entendre des concerts privés de musique dont les notes s’envolent agréablement dans l’air du soir.

Le quartier rassemble les alchimistes, des artisans d’art, des musiciens et des arcanistes qui n’apprécient pas la gestion trop bureaucratique ou trop moderne – selon les critiques – des grandes institutions. L’ambiance est presque à l’opposé de l’Académie, beaucoup plus feutrée. Un maître choisit un élève et le forme du début à la fin de son parcours. La relation est très personnelle et implique un engagement à vie de l’un envers l’autre. La loyauté est une vertu aussi prisée que la discrétion, et pour cause : les secrets révélés par un maître à son élève lui permettront à terme de le surpasser et de porter son art encore plus loin. Les habitants ont souvent des secrets – des recettes, des procédés artisanaux, des idées d’œuvres – et ils ne les partagent qu’avec des pairs respectés.


Une vue d'un commerce du quartier des cristaux, par Gawain

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lundi 16 décembre 2019

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Cité Franche (2)

Cette semaine, une nouvelle leçon de Geeranhuggen. Pour ceux qui seraient arrivés en retard en cours, c'est par ici !

Le développement de la ville actuelle


» L’histoire n’est pas qu’une succession d’événements ne laissant que des traces d’encre dans les livres. Elle marque son environnement, elle change le droit et l’urbanisme. Les privilèges dvaergen

» J’ai déjà évoqué les privilèges des halfelins de la Myetée pour service rendu. Les dvaergen, pour leur soutien essentiel dès la première guerre cyrillane, obtinrent des avantages substantiels sur le commerce sur le fleuve Dispende. Ils purent aussi bâtir dans la partie sud–est de la ville et assurer l’ordre dans leur quartier. Ces premiers accords fondèrent la base du développement de la garde vigente telle qu’elle existe aujourd’hui. Les dvaergen demeurent aujourd’hui les protecteurs de la Cité Franche : sans leurs mercenaires, soyons honnêtes, il n’y aurait pas de défense digne de ce nom en Ouestrie – oui, je suis historien, j’ai la coquetterie d’utiliser les anciens noms.

Les quartiers étrangers


» Le besoin d’investissements et la recherche de la mise en place de partenariats dans tout Eana poussa la Cité Franche à poursuivre dans la lignée initiée par l’accord avec les dvaergen. Ceci prit la forme d’établissement d’importants comptoirs, des quartiers bâtis par des marchands étrangers. C’est ainsi que virent le jour le quartier de Ghardat, dans le sud–est, le quartier rachamanne, à proximité des habitations troglodytes dvaergen ; le quartier cyrillan dans l’est ; le quartier de l’étoile tout au sud, fondé par les elenions ; le quartier éolien, au sud du grand sanctuaire de Forgeron.

Un millefeuille de constructions


» Cette période intense, pleine de nouvelles constructions ne fut possible qu’au prix de la destruction de beaucoup d’anciens bâtiments. Quand vous allez dans une maison du quartier de Ghardat, il arrive que tout son sous-sol date d’un hôtel particulier ou d’un temple datant de la dynastie Drae. Il y a des spécialistes de l’histoire de la ville aussi parmi les guildes de voleurs.

» Ah je vois que cette mention réveille votre intérêt, j’en étais sûr ! Eh bien oui, hélas, certains étudiants tournent mal et trouvent à exploiter la connaissance des réseaux antiques et féodaux. Les canalisations d’eau alimentant la ville, et les égouts ont changé, mais les plus anciens n’ont pas été rebouchés. Les premiers bâtiments de la ville furent construits avec les pierres des environs, et les tunnels des anciennes carrières existent toujours.

» Il faut aussi ajouter les tunnels et caves délibérément creusés à des fins de dissimulation d’activités clandestines. Il y a eu aussi des temples secrets dédiés à Xonim et Tamerakh – pour autant que je sache, il y en a certainement encore. Des rumeurs persistantes font état de tunnels menant à l’Inframonde, ce qui expliquerait la facilité avec laquelle des individus débrouillards trouvent des marchandises en provenant. »

L’expansion et la relation aux autres civilisations


» Si la Cité Franche s’est imposée comme une puissance marchande incontournable, c’est le résultat d’une volonté sans faille, s’appuyant sur un mélange de persévérance et d’opportunisme. En 331 ans, la République s’est attachée à tisser des relations fortes avec de nombreuses civilisations, installant des comptoirs et nouant des accords protecteurs de ses intérêts. Une politique de neutralité affichée dans les conflits locaux a amené notre territoire à être un lieu de rencontre où les agents de peuples ennemis peuvent mener une diplomatie de l’ombre aboutissant parfois à des traités de paix providentiels. Néanmoins, toutes les ambassades et délégations voyagent avec des espions qui agissent par eux-mêmes ou bien font la richesse des guildes de voleurs chargées de faire leur sale boulot : vol, chantage, enlèvement, assassinat. Par le passé déjà, le destin de peuples lointains s’est joué entre les murs de notre ville, et tout indique que ce rôle d’arrière-cour des intrigues n’est pas près de cesser.

» J’aimerais conclure ce premier cours avec un survol des principales contrées avec laquelle la Cité Franche entretient des liens forts. Vous constaterez que je n’aborderai pas le cas de plusieurs d’entre elles : Acoatl, Torea, Mibu, Septentrion, Ajagar, Rachamangekr, Shi-huang et Inframonde. La raison en est simple : nous ne les connaissons pas suffisamment. Des marchandises nous parviennent, un peu d’artisanat d’art, des épices, mais ces contrées n’influencent pas notre histoire assez directement pour les aborder.

Ellerìna


» Ellerìna pour commencer. Nos relations commerciales et culturelles sont fortes. Les jeunes elenions sont nombreux à voyager quelques temps avant de retourner dans leur pays. J’en vois d’ailleurs parmi vous. La Cité Franche et la Couronne elfique ont des accords d’entraide dans la lutte contre la piraterie et d’échange d’informations en matière criminelle. Bien que les elenions aient une attitude publique réservée et retenue, en coulisse il n’est pas rare de voir leurs diplomates – en particulier melessë – faire office d’intermédiaire ou de médiateur.

Les îles Éoliennes


» Les îles Éoliennes sont un concept géographique plus qu’une nation. Il n’y a pas d’autorité centrale, seulement une multitude d’accords avec des manufactures, des monastères, etc. Les ressortissants du pays de mes parents agissent à titre personnel ou pour le groupe auquel ils appartiennent, presque jamais pour un pays. Les siècles de négociations et de petits traités avec tel ou tel groupement forment aujourd’hui un dédale juridique dont l’entrelacs peut aboutir à des situations absurdes.

» Je connais ainsi le cas d’un jeune homme qui avait emprunté à un usurier des îles Éolienne ; ne parvenant pas à se faire rembourser, ce dernier parvint à retrouver une obscure clause qui lui permettait au besoin de se faire dédommager en prélevant une livre de chair – oui ! – de son débiteur ! Rassurez-vous, l’affaire s’est résolue heureusement. L’avocat adverse fit remarquer que la clause n’autorisait pas de prélever de sang au débiteur, de sorte que l’usurier devait trouver une solution pour prendre la viande sans le sang – c’est n’importe quoi, vous en conviendrez. Au final, cette affaire s’est soldée par un accord à l’amiable : réduction de la dette, et remboursement consécutif.

Les îles Barbaresques


» Les îles Barbaresques sont un repaire de pirates. De cela, tout le monde est au courant. Vous ignorez néanmoins peut-être que certains sont devenus corsaires pour la Cité Franche, ou que d’autres cherchent à devenir de respectables roitelets d’une île. Ces anciens forbans se plaisent à venir dans les salons des armateurs et marchands au long cours de notre ville. L’assurance affichée de leur honnêteté ne doit pas toujours être prise pour argent comptant. Certains sont assurément en lien avec les guildes de voleurs et des marchands douteux.

» N’oubliez pas que les pirates sont avant tout des marins : ils n’ont souvent pas de difficulté à se prétendre simples baroudeurs. Ils viennent dans la Cité Franche pour blanchir leur butin, le revendant avec l’aide de complices. Certaines marchandises que vous verrez en ville ont en réalité été conquises dans le sang et sont revendues alors que les armateurs des navires pillés sont ruinés.

» Si les pirates viennent ici pour leurs affaires, ils le font aussi pour régler leurs comptes loin de leur société. Les faits divers des quartiers des ports sont nourris de vengeance après des partages inéquitables ou une trahison.

» Il arrive aussi qu’un puissant flibustier soit secrètement invité pour sceller un accord avantageux qui l’incitera à devenir corsaire pour la Cité Franche ; ou bien pour obtenir une amnistie aux termes de laquelle il renoncera à attaquer les navires de nos marchands.

» Nous espérons pouvoir petit à petit, tantôt par la lutte, tantôt la négociation, pouvoir réduire la nuisance que représentent ces bandits.

Le nord du Cyfandir


» Le nord du Cyfandir est partagé entre trois territoires : la Lothrienne, l’Arolavie et le Septentrion. Les limites de ce dernier sont très floues et on peut admettre que le nord du Kaan en fait partie. Pourquoi me demanderez-vous ? Parce que les environnements sont sensiblement les mêmes, que les tribus ont globalement le même mode de vie, et que nous en savons au final tout aussi peu sur l’un et l’autre.

» Du Septentrion, vous n’aurez sans doute à faire que ponctuellement à des marins à bord de drakkars – il paraît que c’est un des rares navires à supporter la prise des glaces sur la mer en hiver. Ils alternent entre piraterie et commerce, dans des proportions que je n’ai jamais su distinguer. Veuillez me pardonner, je suis partial, j’ai de mauvais souvenirs des déprédations de certains d’entre eux quand je m’étais rendu chez un cousin dans les Fjordkungden – les fjords de l’ouest des Drakenbergen.

» La Lothrienne est coincée entre de turbulents voisins barbares du Septentrion et les reliefs des Drakenbergen. Ils ont surtout affaire avec leurs propres problèmes, avec une dynastie qui peine à asseoir son autorité face à une féodalité puissantes et une Église de l’étoile omniprésente. Si cela ne suffisait pas, la monnaie de ce pays ne vaut pratiquement rien selon les standards de la Steinbank, et leur pays est une zone de magie faible permanente. Actuellement, dans la Cité Franche, seuls certains historiens, arcanistes et clercs s’intéressent vraiment à cette contrée en entretenant des liens réguliers avec elle.

» Il y a quelques années, je vous aurais tenu le même discours sur l’Arolavie. Ce pays couvert de forêts et dirigé par la dynastie des karalievae est de tradition druidique, avec de fréquents conflits avec la Lothrienne qui a banni ces cultes. Outre ces petites guerres frontalières, l’Arolavie fut victime de tentatives de conquête de Kartaçöl – une puissance montante du Kaan avec laquelle il faut désormais compter. La grande ville portuaire de Moromiek avait été prise, et occupée plusieurs années. Je me rappelle du moment où nous discutions avec des collègues de la disparition pure et simple de l’Arolavie en tant que pays indépendant. Les karalievae ont su organiser la résistance et reprendre leurs terres. La défaite fut rude pour Kartaçöl, tant militairement que moralement. C’était pour eux une blessure dans leur orgueil impérial d’être vaincu de la sorte. Le conflit se poursuit, pour l’instant surtout sur mer, mais également par voie d’intrigues. Nous voyons désormais de plus en plus de ressortissants d’Arolavie dans la Cité Franche, et je peux vous assurer qu’ils ne sont pas tous d’innocents marchands venus seulement pour les affaires. Je ne suis pas devin, j’ignore ce qui adviendra, mais je ne pense pas me tromper en disant que des choses importantes se préparent.

Les Drakenbergen


» La Cité Franche entretient des liens forts avec les Drakenbergen, mais ce territoire est un patchwork politique : petits royaumes centrés sur un fjord, cités-états marchandes, clans nains, vallées pratiquement inhabitées… C’est peu de dire que le panorama est complexe.

» Nous profitons des grandes routes surveillées et entretenues avec soin par les principaux clans dvaergen. Pour rappel nos principaux alliés du sud sont les Stalfelt alias Champ-dacier, et les Kunstolth alias Fierart.

» Il est heureux que ces clans soient stables et ne soient pas confrontés comme d’autres à de graves menaces de l’Inframonde. Nous dépendons aujourd’hui presque entièrement d’eux pour assurer la défense de la Cité Franche. Le système des échanges marchands est également intriqué avec celui de la steinbank. Que – par exemple – le Chancre frappe, et les troupes dvaergen devront retourner défendre leurs cités, laissant la nôtre avec uniquement la garde vigente pour sa protection. » Dans l’ensemble, il est rare que les problèmes des Drakenbergen viennent jusqu’à nous. On ne dépasse guère l’événement isolé. Cela n’enlève rien à leur aspect dramatique. J’ai ainsi vécu en 127 le passage de toute un groupe de dragons rouges destructeur ; et en 230, nous avons eu un hiver exceptionnel, marqué par les ravages d’un dragon blanc vénérable dans la région. Aujourd’hui ces crises sont oubliées de la plupart des gens, mais à l’époque, je vous assure que nous croyions notre dernière heure arrivée !

La Cyrillane


» Depuis les débuts de la République, notre relation avec la Cyrillane est complexe. Pas moins de quatre impératrices et empereurs menèrent des guerres de reconquêtes, dont une donna lieu à un blocus du port de la Cité Franche. À cela s’ajoutent des harcèlements de corsaires et des actions de déstabilisation en sous-main. Nous reparlerons plus en détail de ces événements.

» La chute de la dynastie des Kadméïdes en 330 est un bouleversement majeur. Tout l’équilibre de la région est désormais menacé. Kartaçöl pose ses pions ; Ghardat tente de contrer son vieil ennemi ; l’Arolavie cherche à ne pas se laisser déborder par la situation. Pendant ce temps, des groupes loyalistes résistent par endroit tandis que les fanatiques nihiliens conquièrent de vastes territoires et poussent à la fuite tous ceux qui n’adhèrent pas à leur culte rigoriste du « Libérateur » – vous vous rappelez bien tous que c’est l’un des surnoms de Tamerakh divinisé ? Le Destructeur, la Tempête, le Libérateur.

» Ce que l’on appelle désormais le quartier cyrillan est le résultat de l’arrivée massive des réfugiés. Ils ont profité dans un premier temps des réseaux de solidarité familiaux et d’affaires. Tel marchand déjà installé aidait des proches, et les amis de ses proches, puis les amis des amis… Les habitations ont rapidement été remplies, pour ne pas dire surpeuplées, et le bidonville de la Bourbasse abrite désormais beaucoup de cyrillans.

» La Cité Franche a une longue tradition d’accueil, mais elle n’a jamais encore fait face à une arrivée si massive de populations désemparées. Même si nous ne sommes pas directement sur le champ de bataille, nous sommes confrontés à une crise historique qui nous met face à nos responsabilités. Tant que la Cyrillane est en proie à la violence, le problème ne s’éteindra pas. La politique habituelle de neutralité prudente de la Cité Franche trouve ici ses limites.

» Nous vivons une époque difficile, mais passionnante. Notre ville prospère alors que deux grands bidonvilles grandissent en son sein. Les nihiliens qui ont joué un rôle déterminant dans la chute des Kadméïdes envoient désormais des agents ici. Les inégalités, les injustices et la misère devant lesquelles nous détournons les yeux sont le terreau sur lequel la colère croît. Les royaumes des Sables et le Kaan

» Nos relations avec les royaumes des Sables et le Kaan sont compliquées et très fluctuantes. Chaque cité-état mène sa propre politique, qui change au minimum à chaque nouveau règne. Les mers qui nous séparent n’empêchent pas les conflits, mais les limitent parfois au harcèlement de corsaires et pirates.

» Le développement de Ghardat pourrait modifier cette tendance. Aujourd’hui cette thalassocratie contrôle une part croissante du commerce, cherchant tantôt des alliés, tantôt des vassaux. Elle se décide en fonction de la force de son interlocuteur. Certains pensent qu’il faudrait se méfier davantage des autorités du quartier de Ghardat dans notre ville et de leur manière de s’immiscer dans nos affaires. Pour ma part, je pense que ce pays a bien plus à faire avec son véritable ennemi : l’empire de Kartaçöl.

» S’étendant dans le Kaan, il a renoncé aux anciennes rivalités tribales et claniques des belliqueux nomades. Il s’appuie sur une organisation hiérarchique stricte et une armée professionnelle. Beaucoup s’attendent à ce que le Vieux Kaan finisse par passer sous la coupe de Kartaçöl, mais la steppe n’a jamais été unie que par des guerriers inspirés, alors que nous réserve l’avenir ? Ces champs de bataille paraissent bien lointains, en subirons-nous ici les échos ?

» Nous sommes les témoins à la neutralité prudente de la lutte entre ces deux puissances montantes. Faut-il craindre une menace à la stabilité de la Cité Franche ? Rappelez-vous la chute de la Cyrillane : aucun empire n’est éternel.

» Notre futur s’écrit aujourd’hui, par nos décisions et nos actions. » 



Carte du monde connu des habitants de la Cité Franche, par Ann&Seb


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vendredi 13 décembre 2019

DRAGONS : Précommande ouverte jusqu'à Noël

Avez-vous loupé le Kickstarter de l’été dernier ? Jusqu’à Noël, profitez d’une précommande spéciale qui vous donne accès aux contreparties et options proposées à cette occasion.

Pour ceux qui ont acheté leur livre en convention, c’est aussi le moment de récupérer une copie du Grimoire, en édition standard, Dragon rouge, ou Grand Ver !

Attention, vu la période de l’année, nous ne pouvons pas garantir une livraison avant Noël.

Pour participer, suivez ce lien.

mardi 10 décembre 2019

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Cité Franche (1)

Trop longtemps sans poste sur le blog ! En coulisse le travail bat son plein avec des illustrations, des relectures et reprises intensives de textes. Nous préparons beaucoup de choses et nous espérons qu'elles vous plairont ! En parallèle, un sujet de forum a été ouvert pour recueillir vos questions et tout ce que vous aimeriez lire sur ce blog. N'hésitez pas à faire part de vos souhaits ici ! Ayant vu plusieurs demandes relatives à la Cité Franche, je vous propose une petite série à propos de cette ville emblématique.


Geeranhuggen le vénérable gnome s’était installé sur la chaire pour entamer sa leçon inaugurale du séminaire « Cité Franche : des racines profondes pour un avenir de premier plan ». Ses élèves ne savaient pas encore comment aborder ce cours d’histoire ni que penser de leur enseignant. Il semblait bien avoir l’âge de la République ! Sans doute avait-il été témoin personnellement de la plupart des événements en tant qu’archiviste, chroniqueur et historien. En guise de référence bibliographique pour son cours, les élèves avaient été invités à consulter en bibliothèque les 20 volumes de Chroniques patientes de la Cité Franche. Qui parmi les étudiants avait bien pu prendre une telle recommandation au sérieux ? Sans doute personne. Il allait être temps de prendre des notes, en espérant que ces propos préliminaires suffiraient pour saisir les enjeux.

 Ainsi commençait une leçon, évoquant successivement l'ère des Voyageurs qui s'achevait par leur chute ; l'ère du Renouveau dominée par les elfes, s'achevant par la guerre de l'Aube et l'exil vers Ellerina ;  l'ère des Rois destinés, s'achevant par l'ascension divine de Tamerakh et Xonim. En -980 selon le calendrier de la Cité Franche débutait l'ère des nouveaux royaumes qui s'achevait, toujours selon ce même calendrier, par l'instauration de la république franque après la mort tragique d'Alexis III Drae. La Cité Franche ne porte d'ailleurs ce nom que depuis la république.

Les nouveaux royaumes


« L’empire de Tamerakh fut divisé en provinces, chacune contrôlée par un gouverneur nommé par le conquérant en personne. Au moment de l’ascension divine, les personnages les plus importants de tout l’empire avaient été conviés à sa capitale, dans l’est du vieux Kaan. D’après la légende, aucun n’en revint et ils moururent tous, comme sa population, et tous les prisonniers de guerre réduits à l’esclavage. Un tel carnage défit tout ce que nous pouvons imaginer.

» Il ne demeura dans les provinces impériales que les subalternes, et quelques gouverneurs assez prudents pour se faire porter pâle et envoyer leurs seconds à leur place. La Resgrande Riporte faisait partie de la province de Barruna qui couvre approximativement le territoire terrestre actuellement sous le contrôle de la Cité Franche, mais la décision avait été prise de placer la capitale à Malachaï, dans les reliefs de Histe. Le royaume de Barruna » Après la chute de l’empire de Tamerakh, le Barruna devint un royaume et le gouverneur se proclama roi. Il régna une vingtaine d’année, mais échoua à assurer la stabilité de sa dynastie dans le temps. Son successeur fut renversé par la cheffe de la résistance, Sheena la halfeline. Elle fondit un nouveau royaume, dont la capitale était la Resgrande Riporte.

» Ce nouveau royaume prit le nom de Ouestrie – une traduction transparente du terme kaani Barruna ! Il n’a pas su s’établir dans la durée, mais les grands principes qui ont présidé à sa création ont en revanche marqué l’histoire. Liberté, force d’âme, esprit d’initiative, égalité, mérité : nous avons là les germes de la République à venir. Cette royauté était d’ailleurs élective. Ses dirigeants hélas manquaient de sens stratégique.

» La Cyrillane su en tirer profit. Une habile politique matrimoniale et d’alliance, couplée à une politique de puissance à long terme leur permirent de prendre le contrôle du royaume de Ouestrie. Une dynastie de souverains vassaux mi-ouestriens, mi-cyrillans, les Drae, régna pendant l’essentiel de la période précédant l’instauration de la République. Pratiquement tous les vestiges royaux que vous pourriez croiser datent de cette époque. De même, les familles qui affichent aujourd’hui encore un titre de noblesse, l’ont acquis sous les Drae.

» La Resgrande Riporte a considérablement grandi sous leur règne, pour prendre peu à peu le visage que vous lui connaissez. Ils ont inauguré la cathédrale de Flore et Givreuse et le grand sanctuaire de Forgeron. L’abandon de la vieille nécropole au profit du Cimetière de la Plaine est également de leur fait ; l’installation de la Steinbank aussi.

» En dépit de forces indéniables, le royaume souffrait de défauts qui précipitèrent sa perte. Les familles guildiennes en particulier étaient insatisfaites de la politique fiscale imposée indirectement par le trône cyrillan. La révolution à venir se nourrissait à la fois du ressentiment d’être un pays vassal, de la pression économique, du souvenir des idéaux ayant mené à renverser le royaume de Barruna, et de la relative faiblesse de la Cyrillane alors prise dans une tentative malheureuse de conquérir le royaume de Ghardat.

» L’ultime facteur déclenchant fut un concours de circonstances, une suite d’accidents et de décès tragiques qui menèrent sur le trône Alexis III, un jeune souverain généreux, mais qui mesurait mal la succession d’événements qu’il allait déclencher. Soucieux du bien-être de son peuple, il décida de plaider sa cause auprès de l’empereur, en se rendant en personne à Kratéïra avec une délégation guildienne.

» Il existe plusieurs versions, contradictoires, des événements. Toujours est-il qu’Alexis III Drae mourut au cours du voyage – de maladie ou d’un empoisonnement –, et que certains guildiens furent arrêtés et exécutés pour sédition. Pour l’anecdote, la guilde d’especiel, qui contrôle le commerce des épices, et la guilde des alchimistes sont encore soupçonnées par certains d’avoir assassiné alors le souverain pour provoquer une révolte contre la Cyrillane et obtenir l’indépendance.

» La population assemblée dans l’ancien palais vota solennellement pour l’établissement de la République. Une époque venait de s’achever »

Portrait d'Alexis III Drae par le peintre officiel de la cour, le vénérable Gawain

Au cinquième rang en partant du fond


Un trio de bavard au cinquième rang en partant du fond s’était inscrit à ce séminaire davantage par amour des légendes et des trésors que par goût d’une histoire formelle :
« Tu as entendu parler des généraux rebelles ?
– C’est quoi ?
– Des chefs de compagnie qui n’étaient pas d’accord avec le partage du butin. Alors il paraît qu’ils ont déserté, mais comme ils étaient forcément poursuivis pour être massacrés, genre tu vois crucifiés, émasculés et éviscérés avant d’être brûlés, eh bien ils sont partis se cacher.
– Où ça ?
– Paraît qu’il y en a eu dans les Drakenbergen, dans certaines vallées, et aussi dans la Méandrise et la Taurëlma. Ils sont partis avec les morceaux de trésor qu’ils pouvaient emporter, et puis ils sont morts.
– Comment ?
– Ceux qui étaient dans la Taurëlma se sont sûrement faits tuer par les elfes. Mais ils auraient peut-être pu aussi se cacher dans l’Inframonde ou de vieilles cités naines ? »

Questions / Réponses


"Quel est le niveau d'éducation à la Cité Franche et aux alentours ? "


 La Cité Franche est cultivée et cosmopolite, une ville depuis laquelle des expéditions maritimes partent compléter les blancs des cartes. On y a croisé des personnes de toutes origines, de tout peuple et de toute civilisation. Si tout le monde ne sait pas forcément lire, c'est tout de même une compétence assez fréquente, et beaucoup d'offres d'emploi sont signalées par des affiches sur des panneaux dédiés.

"Y'a-t-il un Ateak dans la Cité Franche ou dans les alentours ?"


Des rumeurs en font état, mais il n'y a pas grand-chose de solide à se mettre sous la dent pour le confirmer. On dit même que des gens perdent la raison à force d'en chercher un ! On dit aussi que les Ateaks seraient cachés dans des zones de magie faible. On assure que des auberges de la campagne font leur beurre avec des quasi circuits touristiques de curieux qui se rendent dans les lieux où peut-être quelqu'un aurait eu une piste évoquant un Ateak.


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lundi 18 novembre 2019

Une année dans la Cité Franche et les Drakenbergen

Je vous propose cette semaine un aperçu des fêtes et temps forts de l'année dans une grande partie du Cyfandir. Elles sont bien connues dans la région de la Cité Franche et dans les Drakenbergen, mais plusieurs d'entre elles sont aussi célébrées plus au nord, en Lothrienne et en Arolavie notamment. Vous verrez que des fêtes druidiques antiques subsistent, parfois remplacées par des célébrations adossées à des religions plus structurées. Il s'agit là d'un panorama brossant les grands traits des périodes importantes : à vous de voir comment vous souhaitez vous les approprier. Simple toile de fond d'ambiance ou point de départ d'une aventure ? Fêtes communes ou forts particularismes locaux ? 

Les temps forts de l’année


Les temps forts et fêtes de l’année varient dans chaque civilisation, mais souvent on retrouve des invariants, associant festivités sacrées et moments clef du calendrier, de sorte que les fêtes sont aussi des moments de passage durant lesquels des phénomènes surnaturels d’une certaine nature ont plus de chance de se produire.

Dans une campagne, la prise en compte des cycles de l’année peut colorer les voyages et susciter des péripéties inattendues, venant compliquer – parfois faciliter – les quêtes des aventuriers.

Fêtes locales


Les motifs de fêtes locales sont assez bien partagés sur Eana, mais leurs dates varient dans chaque pays ou région.

Anniversaire du souverain


Le jour anniversaire du souverain d’un royaume est l’occasion, surtout dans sa capitale, de grandes célébrations. Tous ses sujets s’efforcent de montrer leur loyauté et leur attachement au pays lors des défilés, jeux, banquets ou feux d’artifices.

Dans le même ordre d’idée, il y a des fêtes importantes lors de la naissance d’un héritier, lors du mariage du souverain ou de son héritier, et lors du décès du souverain ou de son héritier.

Célébration d’un triomphe


Les généraux et souverains victorieux reviennent triomphalement dans leur capitale où ils défilent avec leur butin et parfois leurs prisonniers réduits en esclavage. La fête marque le retour de la paix et de la prospérité.

Commémoration


La célébration des commémorations est l’occasion pour la population de se rappeler ce qui fait son unité. Il s’agit généralement de la fin de conflits majeurs ou de crises graves, et la fête est décrétée et organisée par le pouvoir politique. L’aube triste (voir plus loin) est l’exemple d’une commémoration d’un fait tellement important qu’il est entré durablement dans les mœurs.

Fêtes et saisons des contrées tempérées


Les contrées tempérées couvrent la quasi-totalité du Cyfandir, l’entièreté d’Ellerìna et la partie nord du Kaan. Beaucoup de fêtes religieuses identiques sont pratiquées dans cette vaste aire, avec toujours des variations et accentuations locales.

Équinoxe de printemps


L’année commence par l’équinoxe de printemps. Les druides célèbrent le changement de cour féerique : la cour d’automne cède la place à la cour du printemps.

Belteine


Belteine est célébrée à une date médiane entre l’équinoxe de printemps et le solstice d’été. La fête commence à minuit. Des processions ont lieu vers les sources, les sites enchantés ou les cercles druidiques. Les célébrations suivantes ont lieu à partir de midi et jusqu’à minuit, avec toujours des fleurs, des danses et des banquets. On célèbre la vie et la fertilité, ce qui peut localement prendre des formes différentes : défilés, chants, concours de beauté, sacrifice des plus beaux bœufs pour le banquet, orgies, etc.

Solstice d’été


Pour les druides, le solstice d’été célèbre le triomphe de la cour féerique du printemps et de la lumière. Les pactes avec les souverains féeriques sont réaffirmés solennellement.

Le dieu Forgeron est particulièrement révéré à l’occasion de ces célébrations qui valorisent le courage et la force. La croyance populaire veut que les anges au service du Forgeron exauceront les vœux des plus valeureux. C’est ainsi qu’ont lieu des tournois, des mêlées guerrières ou divers jeux, comme celui consistant à sauter par-dessus les brandons ou marcher dans les braises pour prouver son courage. La fête populaire est marquée par de grands feux qui évoquent la course du soleil. Dans les montagnes on fabrique des roues en matériau inflammables, on les transporte au sommet des pentes, puis à la tombée de la nuit, on les fait rouler, en essayant de courir après. Ces fêtes sont bruyantes, l’alcool coule à flot, et les bagarres sont communes, causant régulièrement des décès.

Fête des étoiles


La fête des étoiles est célébrée par les elfes dans la seconde partie de l’été. On se retrouve sur des terrasses en hauteur, à la nuit tombée pour réciter des poèmes, improviser des histoires d’amour et d’aventure, boire des liqueurs délicates, faire la cour, et admirer la course des astres. Plus qu’une fête à proprement parler, il s’agit plutôt d’un usage propre à la saison.

Fête des récoltes


Les fêtes des récoltes ont lieu à des dates différentes selon les régions et le type de culture. On célèbre les dernières moissons (ou vendanges). Le style des festivités dépend lui aussi des ressources locales. Dans l’ensemble, elles ont lieu à une date située approximativement entre le solstice d’été et l’équinoxe d’automne.

Il s’agit dans tous les cas d’un des derniers très grand rassemblement. On se réjouit que les greniers soient plein, on remercie les voisins et les journaliers qui ont aidé à récolter.

Dans les régions froides, où les voyages sont difficiles durant la mauvaise saison, les justiciables viennent parfois de loin pour que leur affaire soit jugée en appel par un jarl, un roi ou un haut druide. Les peines prononcées peuvent être l’amende, le bannissement ou la réduction en esclavage. En cas d’incapacité à trancher sur le différent, on ordonne un (ou plusieurs) duel judiciaire qui s’intègre aux célébrations.

La fête des récoltes commence ou s’achève par le paiement des impôts, en monnaie ou en nature. Les grands convois en direction des greniers seigneuriaux, royaux ou citadins partent dans tous les cas à l’issue de ces célébrations.

Équinoxe d’automne


Pour les druides, l’équinoxe d’automne est avant tout le moment où la cour féerique d’automne commence son règne. Les fêtes et rituels visent à s’assurer de bonnes relations avec ses membres.

Il s’agit également de la date à laquelle la déesse Xonim – ou Nuit – est honorée car son domaine, la saison sombre, commence.

Samhain


La fête de samhain est célébrée à une date approximativement médiane entre l’équinoxe d’automne et le solstice d’hiver. Son nom lui vient des cultes druidiques qui accompagnent les cycles des saisons. Pour les prêtres de Mort, c’est l’une des deux plus grandes fêtes de l’année avec le solstice d’hiver.

Dans certaines contrées, les exécutions judiciaires ont lieu spécifiquement lors de cette célébration et sont accomplies rituellement par les prêtres ou les druides. Le but est alors de s’assurer que l’âme des condamnés à mort sera emportée par la chasse sauvage.

En cas de crise de subsistance ou de risque de disette, les druides peuvent aussi sacrifier un membre digne de la communauté, lui donnant pour mission d’aller rejoindre les esprits sauvages souterrains pour favoriser la fertilité des sols, afin que les récoltes de l’année suivante soient meilleures.

Samhain marque dans tous les cas, le moment à partir duquel les morts reviennent visiter les vivants, selon différentes modalités, plus ou moins marquées selon les lieux ou les années :

    ◾  Chasse sauvage. La chasse sauvage est composée de chiens du trépas, de cavales surnaturelles et de leurs cavaliers – parfois des valkyres. Cette troupe poursuit, capture et rassemble les âmes errantes des morts. Elle met de l’ordre dans la non-vie. Il est possible de la rencontrer tout au long de l’année, tout particulièrement durant les nuits de tempête, mais son activité est plus intense entre samhain et carnaval. Effrayante et d’une fréquentation dangereuse, la chasse sauvage est proche des cours d’automne, et peut faire halte parmi les fées de cette saison. Ses membres obéissent à leur propre logique, et n’ont pas la même perception que les mortels de ce qui est juste ou injuste.

    ◾  Danse macabre. À la nuit tombée, les morts durant la période entre Samhain et le solstice d’hiver, se réveillent et s’animent parfois pour des danses macabres squelettiques, d’aspect déroutant. Ces bals de morts sont fréquemment organisés par les guenaudes et impliquent généralement des squelettes animés par leur âme en visite sur Eana, avec parfois des invités plus atypiques, tels que des membres de la cour féerique d’automne ou des sorciers. La fête a lieu principalement dans les cimetières.

    ◾  Rêves éveillés. Les périodes de veille et demi-sommeil peuvent être l’occasion de rencontres avec des esprits défunts. C’est tout particulièrement vrai durant la période entre samhain et la semaine qui suit le solstice d’hiver. Mort autorise certains de ses sujets à venir visiter leurs proches durant quelques dizaines de minutes. Les personnes en deuil essaient de faciliter ces apparitions en priant le soir, face à un miroir, seulement éclairés d’une ou deux bougies.


      L’aube triste


      Les défunts de la ligue de l’Aube sont encore célébrés dans certaines régions, à l’aube du solstice d’hiver. Durant toute la journée, on se doit d’éviter toute activité et toute agitation. On n’allume pas de feu de toute la journée : le froid ressenti évoque la tristesse autant que le manque ou le deuil. Les repas du matin et de midi sont frugaux. Au crépuscule, on dépose des bougies sur les stèles, en mémoire des disparus. On évoque ceux qui sont tombés au combat, contre le Chancre, mais aussi par extension dans tous les autres conflits. Une fois que la nuit est tombée, il est temps de se rassembler, de rallumer de grand feu dans les maisons, et de garder la lumière allumée toute la nuit, en banquetant, buvant et chantant les héros disparus.

      Solstice d’hiver


      Le solstice d’hiver est une des grandes fêtes des défunts. Elle un des temps forts pour les druides. L’énergie accumulée dans le sol durant l’automne et grâce au pourrissement, va désormais servir au retour d’une vie nouvelle.

      Pour les adeptes de Mort, les célébrations du solstice d’hiver sont l’occasion pour toutes les générations, vivants et morts, d’être unis. C’est une manière d’accepter le deuil en parlant, en riant, en échangeant des cadeaux et en se tournant vers l’avenir.

      De nombreuses traditions divinatoires sont associées à cette fête. Il s’agit souvent de laisser un objet (sa nature varie) durant la nuit, dehors à l’entrée ou sur la table du banquet, ou dans la cheminée, puis regarder son état au petit matin et l’étudier pour discerner les signes des esprits qui ont répondu aux questions posées.

      Carnaval


      Les célébrations du carnaval ont lieu à une date approximativement médiane entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps. Il s’agit symboliquement de chasser les esprits et créatures associées à la saison sombre, les morts, les monstres des ténèbres, les fées maléfiques. On se libère de tous les mauvais souvenirs de l’année passée, de toutes les frustrations et de tous les regrets.

      Tout commence par un grand ménage et lessivage. La chasse des méchants lutins donne lieu à des rituels durant lesquels des habitants se griment en monstres et jouent à cache-cache avec les jeunes qui les traquent et les repoussent littéralement à coup de balai et de serpillère. Dans les maisons, on trie, on rassemble le bric à brac, ce qui ne peut être réparé, ce dont on ne veut plus. Tout est rassemblé sur les places et entassé pour édifier un bûcher.

      En parallèle, durant parfois une semaine, ont lieu des processions débridées. On se déguise en monstre, en bête sauvage, en fées de la cour d’automne fort mal lunées – les guenaudes sont toujours très appréciées dans ces caricatures. On caricature les puissants, les bardes jouent des satires et partout on entend des chansons paillardes.

      Dans certaines régions pratiquant l’esclavage, un ou plusieurs esclaves sont désignés pour être les maîtres durant le carnaval. Ils seront servis royalement par leurs propriétaires. Cette comédie du renversement et du débordement peut avoir une forme très sombre vers la fin de la fête.

      Le carnaval s’achève par un grand brasier. On y détruit le plus souvent des mannequins représentant les méchants de l’hiver (guenaudes, loups-garous, etc.). Il existe cependant aussi des cas de sacrifices humains. Les victimes sont des condamnés à mort ou des esclaves. Dans les régions qui pratiquent ce rite, les sacrifiés ont été célébrés et traités royalement durant la période du carnaval. Tout leur était permis à l’exception peut-être de quitter la région pour sauver leur vie, ou bien de tuer des habitants.

      Après le carnaval, il faut vivre sur les dernières réserves jusqu’aux prochaines récoltes du printemps. La période redevient austère et travailleuse, mais on se console car la lumière revient.





      Ornements inspirés d'enluminures, par Gawain


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      lundi 11 novembre 2019

      Ambiance de rue dans la Cité Franche


      Poussé par son infatigable visiteur, Mirë Lelyen n’avait de cesse de jouer les guides, étant souvent contraints d’approfondir des sujets qu’il croyait pourtant connaître. Manyen Uvëa découvrait avec admiration le majestueux conseil des guildes. On y accédait depuis la place du marché du forum, lieu d’échange des marchandises les plus étonnantes. Ici or et argent d’Acoatl, là ambre du Septentrion, et là soie du Shi-huang, puis café de Ghadat, thé du Men-hong, sucre des Barbaresque, cannelle de l’Ajagar, ivoire du Mibu, et bien d’autres encore ! 

      Les deux elfes passaient d’un étal à l’autre, les yeux brillants, et malgré tout, toujours une main sur leur bourse, même si la vigente du quartier d'Artifique était très dure avec les voleurs à la tire. La sécurité dans le principal marché de la ville était une priorité. 

      Le temple de Forgeron, dans la Cité Franche, par Chane



      Aujourd'hui, dans la suite de l'article évoquant une arrivée dans la Cité Franche, voici un aperçu d'un élément local bien connu :

      Les chauffetiers des quartiers populaires 


      Quand vous vous promenez dans les quartiers populaires, vous ne pouvez manquer de remarquer les comptoirs à réchauds, plus familièrement nommés « chauffetiers ». On en trouve désormais dans de nombreuses villes sous l’influence culturelle de la Cité franche. Il s’agit de petits restaurants dans lesquels on mange rapidement au comptoir. Leur nom provient de trous circulaires aménagés dans le comptoir et dans lequel se trouvent des marmites ou d’autres récipients gardés au chaud. Les établissements ne sont parfois dotés que d’une minuscule façade, le gérant servant un unique plat ou bien des variations autours d’une technique. Dans la Cité franche, la diversité des communautés permet de trouver un grand nombre de spécialités. Voici un aperçu de menus classiques de chauffetiers : 

      Galette fourrée. On cuit des galettes sur des plaques de métal, devant les clients, puis on les fend d’un côté avant de les remplir de ragoûts plus ou moins épicés. Les variantes les moins chères sont dépourvues de viande. Il s’agit par exemple de fondues de poireaux ou de sortes d’oignons confis. 

      Beignets. Poissons, crustacés, céphalopodes, courges, oignons… tout se frit ! Chez les chauffetiers les moins chers, l’huile est rance, les poissons ont toutes leurs écailles et… à vrai dire on n’est pas très sûr de ce qu’on mange. 

      Bouillon garni. Des pâtes, du bouillon et une garniture au choix (œuf dur, œuf battu, oignons frais, carottes cuites…). En cherchant bien, on peut trouver de très bonnes adresses pour pas cher. Chaque civilisation a ses recettes, ses ingrédients fétiches et ses saveurs uniques. 

      Chaussons. Cuit dans l’eau comme des ravioles, frit, à l’étouffé ou à la vapeur, le chausson est un plat commun connaissant quantité de variations dans son aspect et dans sa farce : viande et pruneau, viande seule (chair à saucisse, abats…), légumes épicés, pomme, prunes rouges épicées… Le chausson est apprécié des manouvriers et des gens pressés car il se transporte facilement dans une musette et peut être dégusté – hélas froid – un peu plus tard au besoin. 


      Et pour en savoir plus sur la manière dont ce lieu fut illustré, un WIP par Chane


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      lundi 4 novembre 2019

      Guide de la magie d'Eana

      Nous poursuivons la mise à jour des ressources du portail Dragons ! Vous pouviez déjà y trouver le kit graphique d'Aventuriers, enrichi des éléments graphiques tirés de Grimoire ; des fiches de personnage ; des cartes d'Eana et de la Cité Franche ; des créations de la communauté (fiches, aides de jeu) ; et le glossaire de traduction.

      La semaine dernière nous vous présentions le guide du joueur, cette semaine, l'heure est venue de vous présenter le guide de la magie :  le guide de la magie.

      Au sommaire :

      - Les écoles de magie
      - La géomagie 
      - La corruption
      - Le système modulaire appliqué à la magie
      - Un aperçu des sorts d'Eana
      - Un lexique des phénomènes surnaturels d'Eana
      - Les potions alchimiques courantes


      Bonne lecture !


      Étude sur les symboles de magie, par GinL



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      mardi 29 octobre 2019

      Guide du joueur d'Eana


      Le Guide du joueur d'Eana vous permet de découvrir l'univers de Dragons et de créer vos premiers personnages. Ce guide utilise les règles augmentées de la 5e édition et peut être utilisé avec tout autre cadre de campagne. Il contient :
      La Forge du destin. Découvrez cette entité cosmique et ce que signifie d'être un Élu du destin, choisi par la lune Éternité. 
       
      Le monde d'Eana. Ce chapitre évoque l'histoire du monde, de la chute des Voyageurs à l'ascension de Tamerakh, le guerrier merosi qui devint un dieu. Il présente également les différentes civilisations que vous pourrez découvrir pendant vos aventures.
       
      Création de personnage. Deux nouvelles étapes de créations vous permettent de choisir votre civilisation et de décider si votre personnage est éveillé à la magie ou encore dormant.
       
      Espèces. Ce chapitre décrit les drakéides, les merosis (demi-orcs) et les Tieffelins ainsi que leurs particularités liés à l'univers d'Eana.
       
      Classes. Découvrez les ensorceleurs et les psychurges ainsi que les divinités harmoniques et entropiques.
       
      Dons. Cette section détaille 4 dons spécifiques à Dragons. Le livre de base en détaille une quarantaine.
       
      Système modulaire. Cette partie introduit le concept du système modulaire qui vous permet d'adapter le jeu à l'ambiance que vous cherchez à instaurer.
       
      Fiche de personnage. Découvrez la fiche de personnage de Dragons à la fin du Guide du joueur.
      Le Guide du joueur vous est proposé en libre téléchargement. Profitez-en !

      Bon voyage en Eana...


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      vendredi 25 octobre 2019

      Arriver dans la Cité Franche


      Clin d’œil à ceux qui sont impatients d'en savoir plus sur la Cité Franche avec quelques événements de tous les jours, mais qui pourraient, qui sait, être le point de départ d'une aventure ?

      Arwen Uvëa était une amie de longue date, habitant Varnaïrello en Ellerìna. En dépit des années et de l’océan qui les séparaient, Mirë Lelyen et elle poursuivaient leur correspondance. C’est au cours de l’une de ces missives que l’érudit avait appris que Manyen, le fils d’Arwen, venait d’atteindre l’âge auquel les ellenions ont coutume de faire un voyage de par le monde. Le jeune homme arriverait à bord la Danseuse tempétueuse et ferait sa première escale à la Cité Franche.
      Dès l’annonce de l’arrivée du navire au port, Mirë Lelyen avait quitté son domicile dans le quartier des cristaux pour se porter à la rencontre du nouveau venu. En cette matinée de début d’automne l’air était encore doux et le ciel clair.  Il descendit d’un pas vif les quais du Dispende pour atteindre le pont de l’Aube. De là, il prit place dans l’un des petits dériveurs qui permettaient aux habitants de rejoindre plus rapidement les parties opposées de la ville. Il y en avait en circulation pratiquement à toute heure du jour et de la nuit. Ils étaient nécessaires pour assurer l’approvisionnement de toute la partie ouest de la ville, coincée contre les rochers et dépourvue de route terrestre menant à l’extérieur. Maraîchers, bestiaux, artisans : tout le monde passait en tous sens, suscitant des embouteillages permanents et des accidents réguliers.
      La traversée lui prit environ une demi-heure pour atteindre le port des Sentinelles, dans le quartier de l’Étoile. La Danseuse tempétueuse avait eu le temps de manœuvrer lentement pour traverser précautionneusement la rade surpeuplée et atteindre sa destination. Ses passagers étaient descendus, certains attendaient leurs bagages, d’autres avaient déjà entamé les formalités à la capitainerie, incluant notamment le paiement des taxes d’entrée dans la ville.
      Manyen Uvëa figurait dans les premiers, impatient de découvrir la Cité Franche.
      Sitôt que le jeune homme eût rencontré Mirë Lelyen, il posa sa main droite sur son cœur tout en s’inclinant avant de s’exprimer en un elfique soigné :
      « Merci de m’accueillir. Ma mère m’a beaucoup parlé de toi et j’ai pris grand plaisir à lire les mémoires de voyage que tu as publiées. Je me sens heureux et honoré que tu me guides dans cette cité. Je m’efforcerai d’être un élève appliqué et un visiteur respectueux. »
      Son hôte répondit au salut de même, à la mode de leur peuple, mais avec une attitude plus vive, imprégnée de ses années à habiter une métropole grouillante de monde. Formalités passées, les deux hommes firent quelques pas dans le quartier de l’Étoile, l’aîné invitant son cadet à une halte dans une taverne. Ils traversèrent l’élégante salle commune dominée par des tons bleu de cendre pour prendre place à une table dans la petite cour fleurie ornée d’aster aux nuances mauves et violettes éclatantes, sur fond de buissons dont les feuillages avaient viré tantôt au rouge profond, tantôt au jaune doré.
      « Pour être tout à fait franc, j’étais un peu étonné en apprenant que tu n’habitais pas ici ou même au palais de la pointe.
      – Par ici les nôtres demeurent bien souvent entre eux et vivent comme en Ellerìna, parlant au quotidien presque seulement l’elfique. J’ai préféré emménager dans un quartier plus cosmopolite et plus proche des bibliothèques, tant privées que publiques.
      – Je comprends. À quoi bon partir si loin si c’est pour vivre à l’identique ? Je ne suis pas encore nostalgique, je serai heureux de vivre parmi les cyfands. J’ai appris la langue, mais je ne connais rien des usages. Instruis-moi s’il te plait, que je ne t’embarrasse pas par mes mauvaises manières. »
      Myrë Lelyen s’inclina et s’éclipsa pour passer commande, réfrénant un sourire amusé à l’idée que le jeune étranger pût craindre d’offenser quiconque. Tandis qu’une collation était servie, la discussion reprit :
      « Les habitants de la Cité Franche ont des manières diverses de se saluer. On peut distinguer globalement celles qui impliquent un contact, perçu comme une marque de sincérité, et celles qui à l’inverse posent une distance en signe de respect et de dignité.
       » La pratique dominante dans ces contrées consiste à se saluer en se saisissant mutuellement l’avant-bras droit serait un ancien usage venu du nord du Cyfandir. Dans certaines régions, le salut est suivi presque systématiquement d’une accolade. L’explication du geste serait « je ne suis pas votre ennemi et vous confie la main avec laquelle je me bats pour vous prouver ma volonté de ne pas vous combattre ». Au quotidien, quand ils n’ont pas le temps ou ne font que se croiser, les cyfands de culture populaire se contente de lever la main droite brièvement.
       » Parmi les élites raffinées, certains ont adopté la salutation elfique, la main sur le cœur. Elle est comprise ici comme signifiant à peu de chose près « si je manque de sincérité, que mon cœur cesse de battre ». Les personnes influencées par la culture cyrillane et celle des royaumes des Sables ont un geste proche : la main sur le cœur et une arabesque de la main évoquant une invitation. Les ressortissants d’Ajagar et Rachamangekr s’inclinent en joignant les mains. Le sens du geste semble pouvoir se traduire ainsi : « Je vous respecte et vous montre mes mains liées, je ne cherche pas à agir contre vous ».
      – Si je comprends bien, il est parfois souhaitable d’adopter la mode de salut cyfande pour ne pas donner l’impression de mépriser mon interlocuteur, tandis que d’autres pourraient s’offusquer d’être traité de manière cavalière. Je ferai attention. » 


       Ensemble de caryatides, par Gawain

      Un peu plus tard...


      Manyen Uvëa considéra le dériveur avec un peu de réticence. Il avait traversé l’océan à bord d’un véritable vaisseau et avait vu depuis le pont les petites embarcations à fond plat qui encombraient la rade. Il glissa ses doutes à voix basse en elfique :
      « Est-ce bien prudent de naviguer à bord d’un si frêle esquif ? Ils sont si nombreux et paraissent avoir des trajectoires si désordonnées… N’y a-t-il jamais d’accident ?
      – Oh si ! sourit avec embarras Meryë Lelyen. Mais le plus souvent ils ont lieu par temps de grand vent ou de brouillard. C’est un peu dangereux dans ces cas-là, mais aujourd’hui, les conditions sont bonnes, il n’y a pas à s’inquiéter. Les gens ont l’habitude. D’ailleurs, le cours du Dispende est canalisé et totalement contrôlé, et les flux des marées sont limités par l’étroitesse du passage du phare : il n’y a pratiquement pas de courant dans la rade. Cela pose d’autres problèmes tels que la puanteur des eaux saumâtres en été et l’ensablement du port, mais cela ne nous concerne guère. L’essentiel reste que le dériveur est bien plus rapide pour atteindre le quartier des cristaux depuis ici. Les trajets à pieds sont longs et les rues souvent encombrées.
      – La voie des eaux est-elle toujours la plus rapide ?
      – Non et d’ailleurs même si beaucoup de quartiers ont vue sur la mer, les falaises ou la profondeur de l’eau limitent les possibilités. Le quartier éolien se caractérise par ces deux contraintes. C’est aussi le cas aux pieds de la guilde des bâtisseurs.
       » Les grands navires venant de l’océan ont le choix entre le port des Sentinelles dans le quartier de l’Étoile, le port de l’Armatrice au sud de l’Académie, et le port des Épices dans le quartier de Ghardat.
       » Les embarcations à fond plat en revanche peuvent aller jusqu’au bidonville d’Asoif à l’ouest, au marché du forum – au pied du temple de Façonneur – et tout le long du cours canalisé du Dispende.
       » Beaucoup de quartiers de la ville, coincés dans les hauteurs escarpées, sont très difficiles d’accès. Depuis que les Éoliens ont consolidé leur présence, on trouve sur les terrasses de toit des espaces adaptés aux agiles nefélytres. Les boursoufleuses en revanche restent rares. Il y a actuellement un pont en construction, entre le quartier Éolien et celui de l’Académie. Il y aura des jetées adaptées à ces grosses embarcations volantes.
      – Tout cela donne le sentiment d’une certaine improvisation.
      – La Cité Franche a grandi sans véritable plan d’ensemble et les quartiers décident de leurs aménagements sans toujours se concerter. La ville est vivante et offre beaucoup d’opportunités, mais elle n’est pas faite pour la mesure ou le repos. » 


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      vendredi 18 octobre 2019

      Comprendre les guenaudes

      Vous avez déjà eu l'occasion d'en apprendre un peu sur les guenaudes vertes et celles des mers, notamment au travers de l'appartenance des premières aux cours féeriques d'Automne. Comme la saison s'y prête, voici de quoi nourrir vos histoires de sorcières ! 

      Si elles paraissent souvent sous la forme de vieilles femmes dans les contes, les guenaudes peuvent aussi avoir un aspect masculin – on parle alors de guenaud. Beaucoup décrivent ces êtres comme maléfiques, et ils le sont par certains aspects, mais cela ne les empêche pas d’obéir au même rigoureux code d’honneur que les autres fées. 

      Le sens profond de la vieillesse décatie 



      Ces êtres sont les représentants par excellence de la cour d’automne, celle qui veille quand la foule des êtres féeriques de la belle saison sommeillent. La vieillesse et la laideur des guenauds et guenaudes sont l’expression de la décomposition et de la mort apparente de la nature durant le règne de leur cour féerique. Par leur ironie mordante et leurs sarcasmes, les guenaudes rappellent volontiers aux héros le destin qui les attend : la mort au combat, ou bien la lente décrépitude du grand âge. Elles se moquent des guerriers qui se croient sans peur parce qu’ils affrontent un dragon, et tremblent de dégoût en imaginant la libido de vieilles sorcières édentées. Elles-mêmes immortelles et coriaces, elles traversent les siècles en trouvant des loisirs – qui n’amusent parfois qu’elles. Érudites, elles savent généralement pourquoi elles ont une apparence qui repousse tant les mortels, et en jouent parfois dans des énigmes ou des devinettes, pour tester la sagesse et le bon sens d’aventuriers venus demander leur aide. 

      Les ultimes guetteurs 


      Malaimées et railleuses, les guenaudes vivent fréquemment en marge, dans des lieux difficiles d’accès et dangereux. Cela ne les empêche pas de se tenir informées par l’entremise de leurs serviteurs ou l’usage de divination. Lors des pires crises frappant la communauté féerique, les guenaudes révèlent leur ténacité et leur ingéniosité. Dans ces moments, les fragiles membres de la cour de printemps se mettent en sommeil, cédant la place aux guenaudes. Sinistres, elles paraissent déterminées à terrifier la peur elle-même, et ne se laissent pas décourager par des situations paraissant désespérées. Quand les bois sont envahis par les ettercaps ou infestés par une hydre, elles sont ainsi les dernières fées à demeurer et offrir un refuge pour le moins inquiétant aux aventuriers. 

      Les jolies filles des guenaudes


      Les guenaudes sont connues pour jouer à séduire des aventuriers, par le biais d’illusion, parfois de chantage ou d’accords étranges. De ces unions, pas toujours pleinement consenties ni appréciées, naissent pourtant des fillettes ravissantes, de sang sidhe. Elles sont aussi belles que leur mère est laide. Il naît aussi des garçonnets adorables, mais les contes en sont moins friands et les évoquent moins souvent. Qu’en est-il des enfants des guenauds ? Lorsqu’ils s’unissent à une mortelle, l’issue de la relation détermine souvent l’apparence de l’enfant. Si le guenaud se sent trahi ou vexé, il peut le maudire, de sorte qu’il naisse difforme et laid. Au contraire, si le guenaud est heureux, il peut bénir l’enfant qui pourrait être d’une grande beauté. Il paraît d’ailleurs qu’un enfant de guenaud souffrant d’une extrême hideur pourrait en être libéré en retrouvant son vrai père et en s’en faisant reconnaître. 

      Maison biscornue 


      Les guenaudes soignent leur intérieur, chacune paraissant déterminée à avoir la demeure la plus extravagante, la plus bizarre, la plus extraordinaire : murs en pain d’épice, four pour faire rôtir les enfants, véranda en toile d’araignée, maisonnette juchée sur des pattes de poulet et se déplaçant dans les bois… Les possessions des guenaudes sont tout aussi extravagantes. Elles sont entourées d’un bric-à-brac des plus surprenant, comprenant autant de camelote que d’objets dangereux ou bénéfiques – parfois les deux. Elles sont portées à faire des cadeaux aux gens qu’elles apprécient, avec des critères différents pour chacune, mais elles peuvent aussi faire des cadeaux empoisonnés ou à double-tranchant. 

      Les serviteurs des guenaudes 


      Les guenaudes prennent volontiers des serviteurs dans leur demeure, régnant sur une cour étrange et composite : feux follets, gobelins, farfadets, dryade, enfants humains, bûcherons asservis… Elles ont aussi souvent une basse-cour bien remplie. Il ne s’agit pas toujours de véritables animaux : certains – parfois tous – sont des mortels transformés, risquant parfois de finir en plats pour les invités. 



      Une guenaude noueuse, par Gawain


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      mardi 8 octobre 2019

      Les villes du Kaan

      Tandis que les ouvrages de la gamme se complètent peu à peu, des membres de la communauté s'interrogent des certains aspects qu'ils souhaitent mettre au premier plan dans leur campagne, comme ici. L'une des questions porte sur le Kaan et la ville de Khaalgany qui apparaît sur la carte du monde.

      Nomades et sédentaires


      Les nomades éleveurs et guerriers formaient le gros des troupes de la première grande horde de Tamerakh -- le merosi appelé à devenir dieu. Pour les peuples du Cyfandir, le choc fut terrible et marqua durablement l'imaginaire à propos du Kaan, en particulier la culture des peuples conquérants. Ils étaient des barbares frustes, brutaux, sanguinaires, incapables de développer science ou art, et bien sûr de bâtir des villes.

      S'il est vrai que dans la steppe, les villes sont rares, il existe de petits centres près de sources ou de grandes tombes à tumulus ou de ressources en bois. Le nomadisme complet est surtout le fait des habitants du cœur de la steppe ; en revanche sitôt qu'on va vers les bords de ce territoire, on rencontre des communautés de bergers qui vivent dans des villages durant l'hiver et vont sur les pâturages en été.

      En bordure de la steppe, on trouve des villes bâties en pierres -- près des montagnes -- ou en brique crue. Khaalgany est l'une d'elle. Avec ses ziggourats et ses grandes portes, elle était autrefois une cité-état d'une culture antique, et avec les autres cités de la côtes du Kaan, elle fut l'une des premières victimes des conquêtes de Tamerakh.

      Bien que de culture nomade, Tamerakh s'adaptait vite et il concentra les trésors de ses conquêtes dans sa capitale, à l'est, près des montagne. D'après les légendes, il s'agissait d'une cité fastueuse, magnifique, extraordinaire. Plus personne n'est en mesure d'en témoigner : la ville est désormais une ruine hantée et maudite dont on ne revient pas.

      Khaalgany l'actuelle capitale du Kaan a certes une saveur impériale décadente, mais elle est bel et bien une ville de briques. Cependant, certains pourraient aussi dire qu'elle n'est une capitale que par le titre, car les hordes se forment toujours dans la steppe, quand un chef se distingue et paraît auréolé de la bénédiction de Tamerakh. Beaucoup de hordes de l'histoire furent éphémères et ne dépassèrent pas les frontières du Kaan, s'effondrant sous le coup de luttes internes. Les notables de Khaalgany comptent sur elles pour maintenir leur pouvoir, mais gare à eux s'ils ne savent pas reconnaître leur nouveau maître à temps !




      La Horde avant la bataille, par Gawain


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      lundi 23 septembre 2019

      Bullevases des îles éoliennes

      La bullevase est une vase qui peut prendre un aspect similaire à celui d’une bulle de savon, volant ou flottant dans l’air. Ce terme désigne l’ensemble d’une famille de créatures allant des minuscules bullevasettes aux immenses bullevases prismatiques. Ces créatures sont assez communes dans les îles Éoliennes, dont elle constitue à la fois un danger unique et un charme typique. Les bulles sont en effet très esthétiques, avec une surface aux couleurs acidulées et aux reflets irisés.

      L’origine des bullevases 


      Plusieurs théories ont cours quant à l’origine des vases. Concernant les bullevases, certains prétendent qu’elles seraient originaires d’un monde lointain, dénommé parfois Nébuleuse incertaine dans les spéculations d’érudits. Il s’agirait d’un monde de gaz épais, parsemé de roches légères dérivant dans des courants atmosphériques perpétuels. Là-bas, les vases seraient très communes et vivraient en flottant, se nourrissant de végétaux indigènes et d’autres proies insolites.

      Mode de vie 


      Les bullevases sont omnivores et ne rechignent pas à se nourrir de charognes ou de végétaux en décomposition. Quand elles trouvent à manger, elles s’étalent, prenant l’aspect d’une sorte de gelée ou de bave qui pulse très légèrement. Elles utilisent les gaz issus de la fermentation de leur repas pour se gonfler en bulles légères et voleter ainsi d’un lieu à un autre. Il leur suffit de faire osciller leur poids tout autour de leur centre gazeux pour s’orienter. Quand les courants d’air sont trop violents, la bullevase se laisse tomber et prend une apparence de gelée rampante. De petite taille, et essentiellement translucide, elle peut passer pour une traînée d’escargot ou autre substance assez anodine.

      Quand elles s’apprêtent à se reproduire, les bullevases sont souvent prises de fringale, ce qui peut les pousser à des comportements agressifs, voire prédateurs. C’est aussi le cas en période de disette. Une bullevase peut demeurer en stase déshydratée pendant longtemps, et manger tout ce qui est à sa portée sitôt réhydratée.


       Une bullevase prismatique, par Gawain

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