lundi 18 novembre 2019

Une année dans la Cité Franche et les Drakenbergen

Je vous propose cette semaine un aperçu des fêtes et temps forts de l'année dans une grande partie du Cyfandir. Elles sont bien connues dans la région de la Cité Franche et dans les Drakenbergen, mais plusieurs d'entre elles sont aussi célébrées plus au nord, en Lothrienne et en Arolavie notamment. Vous verrez que des fêtes druidiques antiques subsistent, parfois remplacées par des célébrations adossées à des religions plus structurées. Il s'agit là d'un panorama brossant les grands traits des périodes importantes : à vous de voir comment vous souhaitez vous les approprier. Simple toile de fond d'ambiance ou point de départ d'une aventure ? Fêtes communes ou forts particularismes locaux ? 

Les temps forts de l’année


Les temps forts et fêtes de l’année varient dans chaque civilisation, mais souvent on retrouve des invariants, associant festivités sacrées et moments clef du calendrier, de sorte que les fêtes sont aussi des moments de passage durant lesquels des phénomènes surnaturels d’une certaine nature ont plus de chance de se produire.

Dans une campagne, la prise en compte des cycles de l’année peut colorer les voyages et susciter des péripéties inattendues, venant compliquer – parfois faciliter – les quêtes des aventuriers.

Fêtes locales


Les motifs de fêtes locales sont assez bien partagés sur Eana, mais leurs dates varient dans chaque pays ou région.

Anniversaire du souverain


Le jour anniversaire du souverain d’un royaume est l’occasion, surtout dans sa capitale, de grandes célébrations. Tous ses sujets s’efforcent de montrer leur loyauté et leur attachement au pays lors des défilés, jeux, banquets ou feux d’artifices.

Dans le même ordre d’idée, il y a des fêtes importantes lors de la naissance d’un héritier, lors du mariage du souverain ou de son héritier, et lors du décès du souverain ou de son héritier.

Célébration d’un triomphe


Les généraux et souverains victorieux reviennent triomphalement dans leur capitale où ils défilent avec leur butin et parfois leurs prisonniers réduits en esclavage. La fête marque le retour de la paix et de la prospérité.

Commémoration


La célébration des commémorations est l’occasion pour la population de se rappeler ce qui fait son unité. Il s’agit généralement de la fin de conflits majeurs ou de crises graves, et la fête est décrétée et organisée par le pouvoir politique. L’aube triste (voir plus loin) est l’exemple d’une commémoration d’un fait tellement important qu’il est entré durablement dans les mœurs.

Fêtes et saisons des contrées tempérées


Les contrées tempérées couvrent la quasi-totalité du Cyfandir, l’entièreté d’Ellerìna et la partie nord du Kaan. Beaucoup de fêtes religieuses identiques sont pratiquées dans cette vaste aire, avec toujours des variations et accentuations locales.

Équinoxe de printemps


L’année commence par l’équinoxe de printemps. Les druides célèbrent le changement de cour féerique : la cour d’automne cède la place à la cour du printemps.

Belteine


Belteine est célébrée à une date médiane entre l’équinoxe de printemps et le solstice d’été. La fête commence à minuit. Des processions ont lieu vers les sources, les sites enchantés ou les cercles druidiques. Les célébrations suivantes ont lieu à partir de midi et jusqu’à minuit, avec toujours des fleurs, des danses et des banquets. On célèbre la vie et la fertilité, ce qui peut localement prendre des formes différentes : défilés, chants, concours de beauté, sacrifice des plus beaux bœufs pour le banquet, orgies, etc.

Solstice d’été


Pour les druides, le solstice d’été célèbre le triomphe de la cour féerique du printemps et de la lumière. Les pactes avec les souverains féeriques sont réaffirmés solennellement.

Le dieu Forgeron est particulièrement révéré à l’occasion de ces célébrations qui valorisent le courage et la force. La croyance populaire veut que les anges au service du Forgeron exauceront les vœux des plus valeureux. C’est ainsi qu’ont lieu des tournois, des mêlées guerrières ou divers jeux, comme celui consistant à sauter par-dessus les brandons ou marcher dans les braises pour prouver son courage. La fête populaire est marquée par de grands feux qui évoquent la course du soleil. Dans les montagnes on fabrique des roues en matériau inflammables, on les transporte au sommet des pentes, puis à la tombée de la nuit, on les fait rouler, en essayant de courir après. Ces fêtes sont bruyantes, l’alcool coule à flot, et les bagarres sont communes, causant régulièrement des décès.

Fête des étoiles


La fête des étoiles est célébrée par les elfes dans la seconde partie de l’été. On se retrouve sur des terrasses en hauteur, à la nuit tombée pour réciter des poèmes, improviser des histoires d’amour et d’aventure, boire des liqueurs délicates, faire la cour, et admirer la course des astres. Plus qu’une fête à proprement parler, il s’agit plutôt d’un usage propre à la saison.

Fête des récoltes


Les fêtes des récoltes ont lieu à des dates différentes selon les régions et le type de culture. On célèbre les dernières moissons (ou vendanges). Le style des festivités dépend lui aussi des ressources locales. Dans l’ensemble, elles ont lieu à une date située approximativement entre le solstice d’été et l’équinoxe d’automne.

Il s’agit dans tous les cas d’un des derniers très grand rassemblement. On se réjouit que les greniers soient plein, on remercie les voisins et les journaliers qui ont aidé à récolter.

Dans les régions froides, où les voyages sont difficiles durant la mauvaise saison, les justiciables viennent parfois de loin pour que leur affaire soit jugée en appel par un jarl, un roi ou un haut druide. Les peines prononcées peuvent être l’amende, le bannissement ou la réduction en esclavage. En cas d’incapacité à trancher sur le différent, on ordonne un (ou plusieurs) duel judiciaire qui s’intègre aux célébrations.

La fête des récoltes commence ou s’achève par le paiement des impôts, en monnaie ou en nature. Les grands convois en direction des greniers seigneuriaux, royaux ou citadins partent dans tous les cas à l’issue de ces célébrations.

Équinoxe d’automne


Pour les druides, l’équinoxe d’automne est avant tout le moment où la cour féerique d’automne commence son règne. Les fêtes et rituels visent à s’assurer de bonnes relations avec ses membres.

Il s’agit également de la date à laquelle la déesse Xonim – ou Nuit – est honorée car son domaine, la saison sombre, commence.

Samhain


La fête de samhain est célébrée à une date approximativement médiane entre l’équinoxe d’automne et le solstice d’hiver. Son nom lui vient des cultes druidiques qui accompagnent les cycles des saisons. Pour les prêtres de Mort, c’est l’une des deux plus grandes fêtes de l’année avec le solstice d’hiver.

Dans certaines contrées, les exécutions judiciaires ont lieu spécifiquement lors de cette célébration et sont accomplies rituellement par les prêtres ou les druides. Le but est alors de s’assurer que l’âme des condamnés à mort sera emportée par la chasse sauvage.

En cas de crise de subsistance ou de risque de disette, les druides peuvent aussi sacrifier un membre digne de la communauté, lui donnant pour mission d’aller rejoindre les esprits sauvages souterrains pour favoriser la fertilité des sols, afin que les récoltes de l’année suivante soient meilleures.

Samhain marque dans tous les cas, le moment à partir duquel les morts reviennent visiter les vivants, selon différentes modalités, plus ou moins marquées selon les lieux ou les années :

    ◾  Chasse sauvage. La chasse sauvage est composée de chiens du trépas, de cavales surnaturelles et de leurs cavaliers – parfois des valkyres. Cette troupe poursuit, capture et rassemble les âmes errantes des morts. Elle met de l’ordre dans la non-vie. Il est possible de la rencontrer tout au long de l’année, tout particulièrement durant les nuits de tempête, mais son activité est plus intense entre samhain et carnaval. Effrayante et d’une fréquentation dangereuse, la chasse sauvage est proche des cours d’automne, et peut faire halte parmi les fées de cette saison. Ses membres obéissent à leur propre logique, et n’ont pas la même perception que les mortels de ce qui est juste ou injuste.

    ◾  Danse macabre. À la nuit tombée, les morts durant la période entre Samhain et le solstice d’hiver, se réveillent et s’animent parfois pour des danses macabres squelettiques, d’aspect déroutant. Ces bals de morts sont fréquemment organisés par les guenaudes et impliquent généralement des squelettes animés par leur âme en visite sur Eana, avec parfois des invités plus atypiques, tels que des membres de la cour féerique d’automne ou des sorciers. La fête a lieu principalement dans les cimetières.

    ◾  Rêves éveillés. Les périodes de veille et demi-sommeil peuvent être l’occasion de rencontres avec des esprits défunts. C’est tout particulièrement vrai durant la période entre samhain et la semaine qui suit le solstice d’hiver. Mort autorise certains de ses sujets à venir visiter leurs proches durant quelques dizaines de minutes. Les personnes en deuil essaient de faciliter ces apparitions en priant le soir, face à un miroir, seulement éclairés d’une ou deux bougies.


      L’aube triste


      Les défunts de la ligue de l’Aube sont encore célébrés dans certaines régions, à l’aube du solstice d’hiver. Durant toute la journée, on se doit d’éviter toute activité et toute agitation. On n’allume pas de feu de toute la journée : le froid ressenti évoque la tristesse autant que le manque ou le deuil. Les repas du matin et de midi sont frugaux. Au crépuscule, on dépose des bougies sur les stèles, en mémoire des disparus. On évoque ceux qui sont tombés au combat, contre le Chancre, mais aussi par extension dans tous les autres conflits. Une fois que la nuit est tombée, il est temps de se rassembler, de rallumer de grand feu dans les maisons, et de garder la lumière allumée toute la nuit, en banquetant, buvant et chantant les héros disparus.

      Solstice d’hiver


      Le solstice d’hiver est une des grandes fêtes des défunts. Elle un des temps forts pour les druides. L’énergie accumulée dans le sol durant l’automne et grâce au pourrissement, va désormais servir au retour d’une vie nouvelle.

      Pour les adeptes de Mort, les célébrations du solstice d’hiver sont l’occasion pour toutes les générations, vivants et morts, d’être unis. C’est une manière d’accepter le deuil en parlant, en riant, en échangeant des cadeaux et en se tournant vers l’avenir.

      De nombreuses traditions divinatoires sont associées à cette fête. Il s’agit souvent de laisser un objet (sa nature varie) durant la nuit, dehors à l’entrée ou sur la table du banquet, ou dans la cheminée, puis regarder son état au petit matin et l’étudier pour discerner les signes des esprits qui ont répondu aux questions posées.

      Carnaval


      Les célébrations du carnaval ont lieu à une date approximativement médiane entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps. Il s’agit symboliquement de chasser les esprits et créatures associées à la saison sombre, les morts, les monstres des ténèbres, les fées maléfiques. On se libère de tous les mauvais souvenirs de l’année passée, de toutes les frustrations et de tous les regrets.

      Tout commence par un grand ménage et lessivage. La chasse des méchants lutins donne lieu à des rituels durant lesquels des habitants se griment en monstres et jouent à cache-cache avec les jeunes qui les traquent et les repoussent littéralement à coup de balai et de serpillère. Dans les maisons, on trie, on rassemble le bric à brac, ce qui ne peut être réparé, ce dont on ne veut plus. Tout est rassemblé sur les places et entassé pour édifier un bûcher.

      En parallèle, durant parfois une semaine, ont lieu des processions débridées. On se déguise en monstre, en bête sauvage, en fées de la cour d’automne fort mal lunées – les guenaudes sont toujours très appréciées dans ces caricatures. On caricature les puissants, les bardes jouent des satires et partout on entend des chansons paillardes.

      Dans certaines régions pratiquant l’esclavage, un ou plusieurs esclaves sont désignés pour être les maîtres durant le carnaval. Ils seront servis royalement par leurs propriétaires. Cette comédie du renversement et du débordement peut avoir une forme très sombre vers la fin de la fête.

      Le carnaval s’achève par un grand brasier. On y détruit le plus souvent des mannequins représentant les méchants de l’hiver (guenaudes, loups-garous, etc.). Il existe cependant aussi des cas de sacrifices humains. Les victimes sont des condamnés à mort ou des esclaves. Dans les régions qui pratiquent ce rite, les sacrifiés ont été célébrés et traités royalement durant la période du carnaval. Tout leur était permis à l’exception peut-être de quitter la région pour sauver leur vie, ou bien de tuer des habitants.

      Après le carnaval, il faut vivre sur les dernières réserves jusqu’aux prochaines récoltes du printemps. La période redevient austère et travailleuse, mais on se console car la lumière revient.





      Ornements inspirés d'enluminures, par Gawain


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      lundi 11 novembre 2019

      Ambiance de rue dans la Cité Franche


      Poussé par son infatigable visiteur, Mirë Lelyen n’avait de cesse de jouer les guides, étant souvent contraints d’approfondir des sujets qu’il croyait pourtant connaître. Manyen Uvëa découvrait avec admiration le majestueux conseil des guildes. On y accédait depuis la place du marché du forum, lieu d’échange des marchandises les plus étonnantes. Ici or et argent d’Acoatl, là ambre du Septentrion, et là soie du Shi-huang, puis café de Ghadat, thé du Men-hong, sucre des Barbaresque, cannelle de l’Ajagar, ivoire du Mibu, et bien d’autres encore ! 

      Les deux elfes passaient d’un étal à l’autre, les yeux brillants, et malgré tout, toujours une main sur leur bourse, même si la vigente du quartier d'Artifique était très dure avec les voleurs à la tire. La sécurité dans le principal marché de la ville était une priorité. 

      Le temple de Forgeron, dans la Cité Franche, par Chane



      Aujourd'hui, dans la suite de l'article évoquant une arrivée dans la Cité Franche, voici un aperçu d'un élément local bien connu :

      Les chauffetiers des quartiers populaires 


      Quand vous vous promenez dans les quartiers populaires, vous ne pouvez manquer de remarquer les comptoirs à réchauds, plus familièrement nommés « chauffetiers ». On en trouve désormais dans de nombreuses villes sous l’influence culturelle de la Cité franche. Il s’agit de petits restaurants dans lesquels on mange rapidement au comptoir. Leur nom provient de trous circulaires aménagés dans le comptoir et dans lequel se trouvent des marmites ou d’autres récipients gardés au chaud. Les établissements ne sont parfois dotés que d’une minuscule façade, le gérant servant un unique plat ou bien des variations autours d’une technique. Dans la Cité franche, la diversité des communautés permet de trouver un grand nombre de spécialités. Voici un aperçu de menus classiques de chauffetiers : 

      Galette fourrée. On cuit des galettes sur des plaques de métal, devant les clients, puis on les fend d’un côté avant de les remplir de ragoûts plus ou moins épicés. Les variantes les moins chères sont dépourvues de viande. Il s’agit par exemple de fondues de poireaux ou de sortes d’oignons confis. 

      Beignets. Poissons, crustacés, céphalopodes, courges, oignons… tout se frit ! Chez les chauffetiers les moins chers, l’huile est rance, les poissons ont toutes leurs écailles et… à vrai dire on n’est pas très sûr de ce qu’on mange. 

      Bouillon garni. Des pâtes, du bouillon et une garniture au choix (œuf dur, œuf battu, oignons frais, carottes cuites…). En cherchant bien, on peut trouver de très bonnes adresses pour pas cher. Chaque civilisation a ses recettes, ses ingrédients fétiches et ses saveurs uniques. 

      Chaussons. Cuit dans l’eau comme des ravioles, frit, à l’étouffé ou à la vapeur, le chausson est un plat commun connaissant quantité de variations dans son aspect et dans sa farce : viande et pruneau, viande seule (chair à saucisse, abats…), légumes épicés, pomme, prunes rouges épicées… Le chausson est apprécié des manouvriers et des gens pressés car il se transporte facilement dans une musette et peut être dégusté – hélas froid – un peu plus tard au besoin. 


      Et pour en savoir plus sur la manière dont ce lieu fut illustré, un WIP par Chane


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      lundi 4 novembre 2019

      Guide de la magie d'Eana

      Nous poursuivons la mise à jour des ressources du portail Dragons ! Vous pouviez déjà y trouver le kit graphique d'Aventuriers, enrichi des éléments graphiques tirés de Grimoire ; des fiches de personnage ; des cartes d'Eana et de la Cité Franche ; des créations de la communauté (fiches, aides de jeu) ; et le glossaire de traduction.

      La semaine dernière nous vous présentions le guide du joueur, cette semaine, l'heure est venue de vous présenter le guide de la magie :  le guide de la magie.

      Au sommaire :

      - Les écoles de magie
      - La géomagie 
      - La corruption
      - Le système modulaire appliqué à la magie
      - Un aperçu des sorts d'Eana
      - Un lexique des phénomènes surnaturels d'Eana
      - Les potions alchimiques courantes


      Bonne lecture !


      Étude sur les symboles de magie, par GinL



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