La matriarche de la maison Linthre avait eu une longue vie, et des décennies pour penser à sa mort. Son trépas devait être le sommet de son existence, un événement dont sa famille et toute la cité se souviendrait pendant longtemps. Elle investit longuement des ressources considérables pour creuser, sculpter et peindre un mausolée somptueux.
Quand enfin elle succomba -- d'une mort qui paraissait naturelle --, on l'honora comme il se devait. Son corps fut embaumé avec les parfums les plus précieux, et fut déposé dans un sarcophage la représentant comme belle et glorieuse.
Une procession partit du palais et traversa la cité. Les membres de la famille lancèrent des pièces dans la foule qui pleurait et se lamentait avec force. Toute la maisonnée se devait d'être présente, et de s'engager dans la marche vers le tombeau. Il ne restait que peu de personnes en arrière, le minimum vital en matière de sécurité.
Le chemin vers le tombeau était long et difficile. Il fallait transporter sarcophage et offrandes, ainsi que tout le nécessaire pour son banquet funéraire. Conformément à la tradition, toute la maisonnée se rendait sur le lieu de l'inhumation, et festoyait, avant de sceller le tombeau.
Avant de partir, les esclaves n'avaient eu qu'un repas léger, une sorte de soupe liquoreuse qui tenait étonnamment bien à l'estomac au vu des épreuves de la longue marche. Ils ne sentaient pas la douleur, ils étaient comme anesthésiés et l'esprit léger, un peu ivre.
Pour protéger son tombeau des pillards, la matriarche l'avait fait édifier en un lieu difficile d'accès. Aujourd'hui il fallait passer par un escalier précaire et une passerelle fragile. Tout serait détruit au moment de sceller les lieu. Par rapport à l'intérieur immense, la porte d'entrée était assez discrète. Cela faisait partie du plan de la matriarche défunte pour garantir l'inviolabilité de sa demeure d'éternité.
Les maîtres avaient à transporter le sarcophage dans le saint des saints, tandis que les serviteurs et les esclaves devaient préparer le banquet. A cette occasion, tout le monde serait bien nourri et abreuvé de quantité d'alcool. Certain étaient déjà assez rêveurs. Ils ne faisaient pas attention à la disposition des lieux. Le banquet se déroulait dans plusieurs salles, on chanterait et danserait. Certains drows de la famille ne repartiraient peut-être pas. Ceux qui mourraient demeureraient là. Il y avait des lits de pierre pour les accueillir, des niches pour y déposer les dépouilles.
Être esclave signifiait appartenir à ses maîtres, être un corps, un objet, un outil. Vivant ou mort.
Au milieu du désespoir et de la résignation, certains refusaient d'abandonner sans rien essayer. Les révoltes flagrantes furent immédiatement matées par des morts brutales. Les arbalètes fusaient, et les corps demeuraient à terre ou étaient traînés dans les niches.
Le poison se trouvait dans la boisson utilisée pour boire en l'honneur de la matriarche en début de repas et à la fin. Dans le but de s'offrir une mort rapide et indolore, certains qui avaient compris la situation, en prenaient généreusement. Il y en avaient aussi qui espéraient être épargnés. Ils avaient leurs chances, ils étaient de proches serviteurs des nouveaux maîtres. Mais même parmi eux, il était possible que du poison se glissât dans un plat ou une boisson.
Après un banquet d'environ deux heures, beaucoup se sentaient gourds et fatigués. Ils dormaient et mouraient.
... dans une petite salle trois esclave demeuraient vivants et indemnes au milieu du massacre...
Ils faisaient semblant de dormir pour ne pas attirer l'attention du service d'ordre. Les maîtres partaient du mausolée et s'assuraient que tout était tel que cela devait être. Le silence se faisait. L'écho portait le bruit de la fermeture.
Ils se trouvaient dans une petite pièce, d'environ 3 m par 4 m dont trois murs étaient occupés par des niches où pouvait être déposé un corps. Non loin, dans un large couloir se trouvait la longue table avec les vestiges du repas. Tout avait été laissé en plan, vaisselle et nourriture.
Les trois survivants se connaissaient de vue, mais les circonstances ne leur avaient pas permis d'échanger sérieusement. Il y avait une demi-elfe, un humain et un gobelin. La demi-elfe avait glissé à ses compagnons de faire attention aux toasts. Elle avait su à quoi faire attention pour échapper au poison. Elle leur avait sauvé la vie.
... mais ils étaient très loin d'être tirés d'affaire !
Un assortiment d'objets magiques, par Chane. Nos survivants sont impatients autant de dénicher des objets magiques laissés dans le mausolée que de trouver une sortie !
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