vendredi 4 novembre 2016

La race des demi-orcs ou merosis


Les demi-orcs d'Eana vivent essentiellement dans l'empire Kaan qui s'est illustré dans le passé par de grandes conquêtes de la Horde. Il y eut, si l'on veut être tout à fait rigoureux, plusieurs vagues de conquêtes, et plusieurs hordes, chacune dirigée par un leader charismatique. La première et la plus célèbre fut dirigée par celui qui deviendrait le dieu Tamerakh, alternativement décrit comme le destructeur et le libérateur. Sa mère, Xonim, a également accédé au statut divin. On dit souvent que Tamerakh était un demi-orc. Stratège redoutable, conquérant impitoyable, esthète ambitieux et sans concession, il a laissé une marque profonde dans l'histoire du monde.

Aujourd'hui, les demi-orcs de l'empire Kaan sont appelés « merosis », un mot évoquant l’héritage double de cette race, dont les deux lignées sont considérées avec une égale fierté.


En quête de la cité perdue de Mangulik


Mon guide m’avait conduit dans la steppe, jusque sur les terres du clan Shuurga dirigé par la farouche Saikhan. Cette demi-orc apprit avec une certaine réticence mon désir de découvrir les ruines de Mangulik, la capitale du grand seigneur de guerre de la Horde, le fondateur de l’esprit de Kaan, le fils préféré de la dame de la nuit, le libérateur sanguinaire trônant au sommet d’une pyramide de crânes, bref, les derniers vestiges laissés par celui qui deviendrait le terrible dieu Tamerakh. La rumeur de ma lubie s’était répandue dans tout le camp et on me jugeait téméraire, fou ou dangereux, parfois les trois à la fois. Je me voyais comme un témoin, quelqu’un qui pourrait rapporter des informations fiables à mes contemporains là où tant de récits fantasques et contradictoires étaient colportés. À mon sens, la peur naissait surtout de l’ignorance de ce qui s’était vraiment passé à Mangulik. Je voulais connaître la vérité.

Après avoir écouté mes motifs, Saikhan estima qu’ils étaient respectables et elle déclara qu’elle me guiderait dans les Khoosrol, nom de la région des étendues désolées dont l’antique capitale était le centre. J’étais assez surpris de son accord, mais elle ne paraissait pas femme à me tuer traîtreusement, j’acceptai donc son offre.

Au bout de deux jours d’une harassante chevauchée dans la steppe, les bêtes commençaient à devenir nerveuses. Nous nous dirigions vers le sommet d’une montagne d’où nous aurions une vue sur la région. Arrivant à la nuit tombée, nous établîmes notre campement à l’abri du vent qui soufflait de plus en plus fort. Outre les rafales et nos montures constamment affolées, il me semblait entendre des sifflements stridents au loin, comme des cris ou des hurlements. Si j’avais été humain, peut-être aurais-je pu arracher quelques heures de sommeil discontinu à cette nuit éprouvante, mais il m’était impossible de plonger en transe durant les quatre heures consécutives de calme dont j’aurais eu besoin.

À l’aube, Saikhan me guida vers le sommet. Devant moi s’étendait ce pays maudit dont les anciens carrefours étaient marqués par les tumulus de guerriers tombés durant les conquêtes interminables du tyran. Je voyais les fleuves éphémères qui se formaient quand les averses s’abattaient sur les montagnes et qui s’évaporaient avant de pouvoir arriver à la mer. Elle me décrivit les réprouvés qui hantaient les souterrains, les spectres qui faisaient de chaque nuit un cauchemar et les démons qui continuaient, disait-on, de rôder dans les ruines. Avec un ton ironique, elle insista sur le fait qu’elle ignorait si toutes ces histoires étaient vraies. Par contre, elle pouvait certifier que les spectres étaient communs et que les chevaux répugnaient à se rendre en ces contrées maudites. Toute la population avait été sacrifiée pour que Tamerakh accédât au statut divin, à moins qu’il ne se fût vengé de quelque offense… En tous cas, il était certain que beaucoup de ces pauvres gens n’avaient jamais trouvé la paix.

Le monde de Saikhan me paraissait aussi vaste qu’un océan et les Khoosrol en étaient les abysses. Je remerciais la dame des Shuurga de m’avoir ouvert les yeux et fait renoncer à un projet suicidaire sans chercher à m’imposer sa vision par la force.

Extrait des mémoires de Mirë Lelyen, explorateur elenion



 Saikhan la merosi, par Gawain

3 commentaires:

  1. Toujours aussi sympa ces illustrations, merci

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  2. Magnifique illustration et très chouette récit ! Vivement les livres en dur entre nos petites mains fébriles !

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