lundi 24 février 2020

Le harro des Drakenbergen

Cette semaine, une promenade (randonnée ?) dans les hauteurs des Drakenbergen avec la découverte du harro, une bête conçue par Clovis et illustrées par Harkalè Linaï. L'illustratrice vous a préparé un pas à pas de son travail sur cette commande pour vous donner un aperçu des coulisses ! 

Créature célèbre des Drakenbergen, le harro ressemble à l’ibex auquel il est apparenté. Il est cependant bien plus grand (sa taille atteint facilement celle d’un cheval) et plus élancé, et sa robe se décline en tons gris, arborant même parfois un blanc immaculé qui en fait un animal fort majestueux. Musculeux, fougueux et plus rapide même qu’un cheval, certains mythes lui prêtent une ascendance élémentaire aérienne pour expliquer sa vitesse et son adresse qui pourraient faire croire qu’il marche sur l’air. En effet, à l’image de son cousin, il est capable d’évoluer sur des surfaces quasi-verticales avec une aisance qui confondrait les meilleurs gymnastes et alpinistes.
Malgré son régime herbivore et sa célérité, c’est un animal farouche et susceptible qui n’hésite pas à se défendre s’il se sent menacé, chargeant et piétinant sans peur. Les harros mâles sont particulièrement agressifs pendant la saison des amours, et peuvent s’en prendre à quiconque fait mine de se dresser sur leur passage. Seuls les plus redoutables prédateurs animaux et chasseurs humanoïdes se mesurent à lui. Porter des habits ou des objets en peau ou en corne de harro est une marque de grand prestige… ou, pour certains, un sacrilège.
En dépit de son tempérament difficile, le harro peut être monté s’il est dressé à cet effet dès son plus jeune âge. Rien que trouver un bébé harro est une quête en soi, et l’élever prend plusieurs années de labeur quotidien. Ceux qui consentent à de tels efforts en retirent cependant une monture exceptionnelle.
L’élite des marchevents comprend de tels cavaliers d’exception, capables non seulement du dévouement nécessaire à un tel dressage, mais aussi de supporter l’équitation sur un animal aussi vigoureux. Ainsi juchés, ces rôdeurs peuvent traverser les montagnes aussi rapidement qu’un destrier circulerait sur une route pavée. Voir un marchevent sur un harro filer à flanc de falaise comme si de rien n’était est un spectacle extraordinaire, et certains avancent qu’il s’agirait là de l’origine du nom de cette confrérie.

 Le harro, par Harkalè Linaï

Le mot de l'illustratrice


Je suis Harkalé, une nouvelle recrue dans l’équipe d’illustrateurs du studio Agate. Je vais vous présenter la façon dont j’ai réalisé une de mes premières illustrations pour Dragons : le Harro. D’après la description que m’en ont donnée Iris et Fred, il s’agit d’une créature endémique des Drakenbergen ressemblant à un bouquetin des Alpes, en plus majestueux. Par ailleurs, le harro se déplace sans difficulté sur des parois très escarpées. Dans mon illustration, le but est donc de faire apparaître ces différents éléments.

Dans un premier temps, je réalise donc plusieurs croquis numériques (harro marchant sur une ligne de crête, à flanc de falaise, etc.), et ce processus de recherche aboutit à cette version d’un harro juché au sommet d’un escarpement rocheux :



A priori, ça correspond bien à ce qui est recherché. La forme du rocher dirige le regard vers le harro et accentue sa prestance, tout en introduisant un environnement montagnard. Après avoir eu l’accord des directeurs artistiques, je pousse donc le croquis un peu plus loin… et là, il y a quelque chose qui cloche, mais puisque j’ai le nez dans le guidon, je ne vois pas quoi :



Heureusement, les directeurs artistiques sont là ! Fred et Iris me font remarquer que mon harro ressemble plus à une variante de dahu condamné à monter les pentes : ses pattes avant sont beaucoup plus courtes que ses pattes arrière. En fait, ce problème était aussi présent à l’étape précédente, mais de façon moins visible. Pour donner un air photogénique à mon harro, je l’ai campé bien droit sur ses pattes ; mais en réalité, un bouquetin à l’arrêt sur une pente aura tendance à écarter ses pattes au maximum pour ne pas basculer cul par-dessus tête, ce qui nuit nettement à sa prestance (mais lui évite de mourir sous l’action cruelle de la gravité, et tout compte fait c’est pas si mal).



Retour à la case départ, donc, avec cette fois la contrainte que le sol sur lequel sont posées les pattes de mon harro doit être proche de l’horizontale, afin de lui éviter un malus en charisme. La meilleure solution que je trouve alors est la suivante :



Notez que l’anatomie du harro est un peu mieux définie, pour que je ne me fasse pas avoir de la même façon que sur le croquis précédent. La composition n’est cette fois plus animée par des lignes pointant vers le harro, mais par un semblant de symétrie entre l’animal et le rocher sur lequel il s’est perché. C’est plus clair avec quelques lignes :



Une fois ce nouveau croquis validé, il ne me reste plus qu’à détailler la peinture. Puisque j’aime beaucoup la couleur et que le harro comme les pierres sont gris pâle, je cherche des excuses pour ajouter des petites touches de couleur. J’imagine donc que la scène est éclairée par la lumière chaude du soleil et par un grand ciel bleu, ce qui me permet de jouer un peu avec la palette colorée.

Pour ce qui est de ma façon de peindre, il s’agit d’une alternance de phases « aléatoires », où je choisis n’importe quelle brosse texturée (ou, si je travaille en technique traditionnelle, n’importe quel objet à portée de main pouvant vaguement servir de pinceau) et je peins en me concentrant sur la couleur et la lumière de l’ensemble sans chercher à ce que les contours des objets soient particulièrement bien définis, et de phases « précises » où je souligne des contours, des ombres, etc. pour rendre le tout moins impressionniste.

Et quelques milliers de coups de pinceau plus ou moins aléatoires plus tard, voici le résultat :





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mercredi 19 février 2020

Bilan, Programme de 2020 et FIJ de Cannes !

À l'occasion du début de l'année, nous avons publié un article à propos des créations du studio dont bien sûr Dragons. Vous pouvez retrouver ce bilan et le programme à venir en lisant cet article.

À partir de demain, une bonne partie de l'équipe prend la route vers Cannes pour le Festival International des Jeux. Vous retrouverez le programme complet ici. Ce sera notamment l'occasion de rentrer une bonne partie de l'équipe de Dragons qui sera sur place :)


lundi 17 février 2020

Les Fjordkungden

Cette semaine nous vous invitons à une randonnée dans un lieu dont l'apparence paraît oxymorique avec sa nature profonde : la Porte des Furies, sise dans les Drakenbergen. Nous vous présentons également l'une des premières illustrations d'Edoardo pour Dragons. 

La partie orientale des Drakenbergen est taillée de nombreux fjords qui s’enfoncent profondément dans les terres. Cette configuration géographique particulière a permis l’apparition de plusieurs petits royaumes, pratiquement un par bras maritime ou vallée. Situés entre haute montagne et mer, ils offrent des paysages enchanteurs à même de ravir les poètes et les voyageurs. Deux déesses y sont particulièrement honorées, Flore et Givreuse. Il semble parfois qu’elles aient béni ces terres, tant l’hiver est d’une magnificence glacée, tandis que la belle saison déborde de fleurs aux couleurs éclatantes. L’économie mêle pêche, agriculture, exploitation minière, bûcheronnage, élevage et artisanat.
Bien qu’associés aux Drakenbergen, les Fjordkungden sont d’un accès difficile depuis les vallées du Dispende ou le Dédale des Mirages. Une succession de hautes montagnes couvertes d’épais glaciers bloque le passage. Cette formation est appelée indifféremment la Hidrun ou la Barrière. La franchir est une gageure et aucune route n’est vraiment sûre. La voie la mieux connue et censément la mieux protégée des périls de l’Inframonde comme de la montagne est la Vieille passe. Elle reliait autrefois la forêt de la Taurëlma à celle d’Arataurë. Elle est constituée d’une succession de tunnels, de voies pavées et de ponts, dont seules quelques portions sont encore entretenues. Comme cette route aboutit sur le territoire des aldarons de la Taurëlma, notoirement hostiles aux visites, les marchands se résignent le plus souvent à atteindre les royaumes des fjords par la mer plutôt que par la terre.
Dynamique et inventif, l’artisanat comporte plus que partout ailleurs des créateurs de jouets raffinés : automates, poupées délicates, casse-têtes… Ces objets ne sont pas toujours à destination d’enfants. Ils peuvent avoir une vocation décorative, ou bien faire office de porte-bonheur. Il n’est pas rare non plus qu’ils soient enchantés, soit dans une intention bienveillante, soit à des fins de malédiction. Les magiciens et érudits des fjords dissimulent volontiers des énigmes ou des secrets dans des textes aux allures de comptine, ou bien à l’intérieur du mécanisme complexe de boîtes à musique qui détruisent leur contenu si on ne les ouvre pas correctement.
Les Fjordkungden sont aussi réputés être la source d’étranges objets comme les sacs dévoreurs. On dit qu’un gnome doté d’un sens de l’humour douteux créa ces objets en même temps que des havresacs sans fond et des sacs sans fond. Il s’agissait initialement d’un moyen de se jouer des aventuriers sans le sou qui venaient voler son stock. Avec le temps, ces objets magiques maléfiques se répandirent dans les Drakenbergen, servant de piège ou d’instrument de vengeance.


Vue d'un palais des Fjordkungden, par Edoardo

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lundi 10 février 2020

Jusqu'au bord du monde

Quelques soubresauts dans la régularité de postage sur ce blog, ce sont les perturbations de bouclage. Ces temps-ci nous avançons à très forte cadence dans les coulisses pour vous présenter les ouvrages suivants ! Comme vous le savez peut-être, le Septentrion sera l'une des civilisations explorées dans les volumes 1 de l'Encyclopédie et du Bestiaire. 

Voici un aperçu de ce qui vous attend dans le grand nord, et pour vous mettre dans l'ambiance, une bande son : un premier album et un second. Ils ont servis pour l'écriture de ce cadre.

A suivre !

Le domaine de Givreuse


Le Septentrion se caractérise par un climat particulièrement dur, avec dans le grand nord une saison de jour perpétuel et une de nuit permanente. La Vieille de l'Hiver est la principale divinité qui règne dans ce domaine. Déesse ambivalente, maîtresses des allouvis, elle enseigne l'endurance et la patience.

Les périls du Septentrion


Si le froid et les créatures qui lui sont immunisées sont des périls évidents, on songe moins à la folie qui s'empare des voyageurs qui marchent pendant des jours dans un paysage uniformément blanc. Menacés par le blizzard, confrontés aux ténèbres de leur âme, le néant est proche de les engloutir.

Mais pourquoi venir dans ces contrées si inhospitalières ? L'attrait de la découverte et le plaisir de surmonter un défi peuvent jouer bien sûr, mais pour les aventuriers, d'autres raisons existent.

Des légendes du Septentrion


La civilisation boréale était une des première à s'épanouir après la Chute des Voyageurs. Elle parvint à maîtriser des formes de haute magie et mena d'importants travaux de recherches dans le domaine du froid, de la force et du concept de magie primordiale (c'est-à-dire au-delà de la distinction entre magie profane et magie divine ; pour en savoir plus sur ce débat qui anime les arcanistes, jetez un œil à votre Grimoire p.17). Une légende évoque leur académie de magie, dissimulée quelque part dans une chaîne de montagne glacée. Il est très tentant de rechercher ce lieu pour en arracher les secrets !

La déesse Givreuse a une particularité : elle a réussi à nouer un pacte avec l'hospodar diabolique maître des Gémonies. La nature de cet accord est bien sûr secrète, mais il est certain qu'il canalise l'action de cette créature abominable et de ses serviteurs, les diables gelés. L'enfer de Givreuse est la prison des Gémonies, et un portail y mène depuis la banquise désolée du grand nord...





Le septentrion, par Gawain


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